Krisiun fait indubitablement partie de ces quelques groupes qui ont mis un sacré coup de pied au derrière de la mollassonne scène death metal de la seconde moitié des années 90 et contribué non seulement à la survie du genre mais aussi à son évolution vers des horizons plus rapides, plus violents et plus techniques.


Le groupe a toujours été composé des trois frères Kolesne-Camargo (le premier étant le nom de leur mère et le second celui de leur père), qui ont démarré l’aventure au début des années 90 alors qu’ils étaient seulement âgés de quinze à dix-neuf ans. De fait, il y a eu deux autres membres (des cousins ? hahaha), mais qui n’ont pas fait long feu dans le groupe.
Nourris au brutal thrash/proto black teuton, aux premiers Slayer, Dark Angel et aux pionniers du death metal, les trois frangins ambitionnent de jouer la musique la plus rapide, la plus evil possible, totalement dans l’esprit de la scène proto black brésilienne qui les avait précédés.


Les débuts sont évidemment difficiles et le groupe ne parvient pas vraiment à s’exporter avec ses premières démos et même son fameux EP Unmerciful Order (1994).
Néanmoins, ils attirent l’attention d’un petit label local, Dynamo Records, qui leur propose un contrat et s’engage à leur trouver un financement pour enregistrer un album. C’est ainsi que sort Black Force Domain (1995), un concentré de haine blasphématoire et de rage débridée, album sur lequel on sent une nette progression dans l’écriture et l’interprétation par rapport aux démos et l’EP.
Avec cet album, ils commencent vraiment à se faire un nom et des pontes comme Trey Azagthoth (Morbid Angel) ou Abbath (Immortal) arborent régulièrement leurs t-shirts en faisant des éloges sur ce petit groupe brésilien.


Les frères embarquent pour leur première tournée européenne en 1997 ; ils sont approchés par le label allemand GUN Records (qui avait dans son catalogue à l’époque des noms comme Kreator, Sodom, Grave Digger et Rage) qui leur propose de rééditer leur premier album pour le marché européen.


De retour au pays, il est temps de se pencher sur la réalisation du second – et très attendu – album.
Apocalyptic Revelation voit le jour en 1998, conjointement chez Dynamo et GUN pour l’Europe. Il est enregistré en Allemagne, au Musiclab avec l’ingé son Simon Fuhrmann qui avait enregistré Therion notamment (Lepaca Kliffoth).
Le résultat est impressionnant : ce second album reprend les bases du premier, mais en plus puissant, plus violent, plus rapide, plus précis et encore plus evil.
Max Kolesne n’est peut-être pas le plus précis des batteurs (du moins à l’époque), mais sa frappe impitoyable a ce son organique et tellement naturel qui rappelle les premiers batteurs extrêmes brésiliens. C’est simple, ça blaste à fond quasiment sans interruption, sans ralentir le tempo (ou pour mieux matraquer avec la double pédale) et avec la même intensité du début à la fin.
Alex Camargo a une voix profonde et puissante et parvient sans peine à se faire entendre et à s’imposer au milieu de ce chaos de violence blasphématoire.
Quant aux riffs et aux solos de Moyses, ils sont aussi une marque de fabrique de Krisiun. S’il est inspiré par les solistes et shredders du hard et du heavy metal classiques, il a aussi su affirmer son propre style. Là encore, le maître mot est la vitesse maximale dans tout ce qu’il fait. Certains de ses solos sont à couper le souffle (le sweeping sur Creation’s Scourge ou le double tapping sur Apocalyptic Victory et Rises From Black me mettent par terre à chaque fois), pas tellement dans la démonstration mais toujours au service de l’ambiance maléfique qui règne sur ce disque.


Dès le titre d’intro, on se prend un torrent de blasts et de riffs de tueur à flanquer le tournis ; et ça s’enchaîne sans cesse avec des morceaux qui ne baissent pas en régime. S’ils sont tous à peu près construits sur le même modèle (à l’exception de l’instrumental et très martial March Of The Black Hordes), ils apportent tous leur contribution essentielle à un album aussi agressif qu’imposant.


Avant Apocalyptic Revelation, personne n’avait atteint un tel degré de violence, de noirceur pure combinées à une telle rapidité d’exécution et une telle intensité.
Avec cet album, Krisiun a enfin la reconnaissance qu’il mérite et devient une référence incontournable du renouveau du death metal, alors que le genre semblait condamné à tourner en rond et à disparaître, balayé par la seconde vague black metal.
Par ailleurs, leur style va inspirer toute une flopée de jeunes formations et générer une scène locale particulièrement florissante, tous plus ou moins calqués sur le modèle des frères Kolesne-Camargo.


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le 21 juil. 2016

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