Beat
6.4
Beat

Album de King Crimson (1982)

Pas de blagues graveleuses, s'il vous plaît.

Le problème avec Beat, ce n'est pas nécessairement que ce serait un mauvais album. En fait, si vous l'écoutez en n'ayant aucune connaissance de King Crimson, vous risquez bien de beaucoup apprécier cet album, en raison du mélange entre l'expérimentation typique du groupe et son orientation plus pop dans cet opus. Mais quand vous avez écouté l'intégrale de King Crimson depuis In the Court of the Crimson King, ça laisse un goût d'inachevé, surtout en relation avec Discipline, son prédécesseur (1981). Quand Robert Fripp a recréé le groupe mythique du rock progressif, avec Bill Bruford à la batterie, Adrian Belew en seconde guitare et chant et Tony Levin à la basse, cela avait donc donné ce prédécesseur assez puissant, pas pop pour un sou, complexe, se basant sur les travaux du minimaliste Steve Reich. Matte Kudasai était le seul titre réellement pop de Discipline, et n'était pas moins jouissif.


Pourtant, Beat tombe plus dans un trip assez pop. Probablement sous l'influence d'Adrian Belew, à qui on doit l'orientation générale de l'album traitant des artistes de la génération beat (d'où le titre de l'album, héhéhé). L'album n'est pas un mauvais album, il faut le dire. Waiting Man est probablement un des titres que j'aime le plus du King Crimson des années 1980. Le problème étant, je ne peux pas écouter Discipline en faisant autre chose à côté. Mon esprit est constamment tourné vers une musique qui ne cesse pas de changer. Dans Beat, je peux parfaitement le faire, sauf pour Requiem et Neurotica ; l'album devient plus pop, et de fait, érode pas mal l'agressivité de King Crimson qui lui était singulière. La volonté de faire cohabiter la New Wave avec les penchants progressifs du Roi Cramoisi sont largement louables, puisqu'elles montrent une volonté de toujours surprendre et que c'est l'un des buts du genre ; Mais Beat a largement montré les limites de ce mélange, c'est à dire le risque de sonner "commercial" et de ne pas réussir à évoluer avec sa musique. Three of a Perfect Pair est d'ailleurs une tension permanente entre, sur la Face A, les titres les plus pop et, sur la Face B, les titres expérimentaux. Beat prédit t-il déjà un rejet d'une greffe prog-pop ?

Créée

le 28 déc. 2020

Critique lue 216 fois

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