Un album tous les deux ans, c'est la cadence régulière de la discographie de 50 Cent depuis qu'il est entré dans le game. "In Da Club" paraît déjà si loin en vrai, on se remémore comme un bon vieux souvenir les premiers jours où on à pu découvrir le tube de ce rappeur bodybuildé sortis du Southcide Queens par le duo Eminem/Dr. Dre. 50 Cent impressionnait par son physique, fascinait par son vécu (notamment par ce fameux chapitre du shooting en 2000) et aussi par l'équipe de choc qui s'occupait de son cas. Un destin hors du commun, un buzz inter planétaire comme il en existe très peu par décennie. Une grosse machine très très bien huilée qui a tout ravagé sur son passage dès lors que "Get Rich or Die Tryin'" est apparu dans les bacs. Le Hip Hop sortait d'une période tête blonde psycho lyricalement ravageur, alors le retour de grosses doses de testostérone et d'histoires de ghetto sur les ondes ont remis à un haut niveau commercial le côté gangsta de cette musique. Mais comme dit précédemment tout cela remonte à longtemps et l'intérêt initiale d'une découverte s'épuise avec les années. Sans compter ce bourrage médiatique qui lasse tout le monde. Sentant le vent tourner contre lui, voyant l'empire G-Unit s'effondrer pierre après pierre, le chef de file 50 Cent tente comme il peut de rassurer et de reconquérir son public en décrivant "Before I Self Destruct" comme un peu le prequel à "Get Rich...". Revenir au source de la rue, avec un rap plus dur, beaucoup le dise mais très peu le fond au final. Ce n'est pas le premier single "Baby By Me" avec Ne-Yo qui allait nous le prouver en tout cas. Ce produit sans grand artifice de Polow Da Don aura au moins le mérite d'annoncer officiellement la sortie de son 4ème album solo car depuis qu'il en parle (en 2006 avant même la sortie de "Curtis") les premiers titres promo comme "Get Up" produit par Scott Storch ou "I Get It In" produit par Dr. Dre ont été oté de la tracklist final.

"Before I Self Destruct" son dernier album avant une retraite musicale? Ça peut être probable avec ce titre destructeur. On perçoit aussi nettement qu'il n'a plus grand chose d'intéressant à nous raconter si ce n'est d'encore montrer les crocs face à de nouveaux adversaires comme Rick Ross, Fat Joe, Lil' Wayne ou même Jay-Z. Il égratigne sans crainte d'ailleurs ce dernier sur "So Disrespectful", tout comme The Game qui en prend encore une au passage. "Jay's a big man, he's too big to respond / I'm a big dick, you know the one everybody on": On se souvient en tout cas qu'à l'époque d' "How To Rob" quand le provocateur qu'il est n'avait pas encore cette notoriété, qu'il avait reçu une pique en retour par le boss de Roc-A-Fella au travers cette petite ligne: "Go Against Jigga yo' ass is dense / I'm about a dollar what the fuck is 50 Cents?". Sa retraite est également probable lorsqu'on constate que son contrat avec Interscope arrive à son terme. Son cinquième album étant prévu d'être un greatest hits. Enfin bon, on connaît aussi la chanson quand il s'agit d'arrêter le rap définitivement avec ces artistes...

Le constat majeur qu'on a en écoutant BISD reste plutôt fade. On ne peut pas lui reprocher de ne pas avoir rendurcis le tout car a part "Baby By Me" qu'on citait précédemment il n'y a aucun gros tube à la "Disco Inferno" ou à la "Ayo Technology". Il n'y a pas non plus un surplus de titre mielleux avec les featurings du moment. Dans ce registre on peut juste retrouver un duo avec R. Kelly ("Could've Been You") dont seule la production planante de DJ Khalil nous envoûte ou alors l'agréable "Do You Think About Me" produit par Rocwilder qui met 50 cent face à face avec son ex Vivica Fox (voir le clip). L'occasion également pour Sha Money XL (co-producteur de l'album) de nous présenter son poulain Governor. Pourtant l'ambiance ne nous enthousiasme pas plus que ça, les productions faites par les petites recrues (Team Ready, Black Key, Nascent, QB Da Problem, Team Demo, Lab Ox,...) ou les plus connus (Dr. Dre, DJ Khalil, Rick Rock, Havoc, Ty Fyffe,...) sont certes plus froides que d'habitude mais sont vite répétitives et sans grandes originalités. Comme "Stretch" ou "Hold Me Down" qui est sauvé de justesse par la métaphore de 50, ce qui n'est pas le cas du catastrophique "Get It Hot" Feat. Lloyd Banks."Crime Wave" sent le souffre par contre, il s'arme jusqu'aux dents et crache ses balles. "I talk about my arsenal , i rap about my infantry", on est fixé, 50 est en mode guerre sur celle la.

La petite déception vient encore du travail fournis par Dr. Dre. A force de le dire et de trouver ses productions sans envergures on va commencer à douter sur ce que sera Detox (s'il sort un jour bien sûr). En fait ce n'est pas qu'il fasse de mauvaises choses, mais comme sur le dernier Eminem on ne ressent plus cette touche qui nous perturbait dès les premières notes. On l'a placé si haut que nos exigences à son égard sont devenu trop sévères. Hormis ces synthés qui donnent de l'ampleur à "Psycho" rien ne nous laissait vraiment deviner qu'il s'agissait d'une production du Doctor. Mais en général une combinaison du Shady avec 50 Cent ne peut qu'être surveillé de près par le Boss d'Aftermath. Il en dégage ici une ambiance pesante de film d'horreur, à tel point qu'on la croirait faite à la base pour Relapse. Eminem joue dans son élément, ne mâche pas ses mots (il enfonce au passage encore un peu plus Christopher Reeves dans sa tombe) et fait un véritable carnage une fois n'est pas coutume.

Dans "Death To My Enemies" Dre infuse l'esprit N.W.A. pour que Curtis Jackson souhaite le plus sauvagement possible la mort à ses ennemies. Et pour ce qui est de "OK, You're Right" on passera notre chemin sur cette track dite 'street' dont la monotonie nous endort les oreilles.

Il peut compter en revanche sur Ty Fyffe et Manny Perez qui ont vidé le bidon d'essence sur son micro pour qu'il l'enflamme dès l'ouverture de "The Invitation". Une grosse entrée en matière. On ne va pas être médisant jusqu'au bout car quelques exceptions redonnent des couleurs à l'album. Comme cette plongée dans son enfance sur "Then Days Went by" qui sample merveilleusement bien "Ain't No Sunshine" de Michael Jackson, l'un des rares morceaux qui ramène un peu d'air frais malgré un refrain pantouflard. Les gros samples Soul semble l'inspirer car avec la voix de Gladys Knight sur "Strong Enough" 50 Cent est gonflé à bloque. Comme souvent avec ses propos on le sent sûr de lui mais cette track démontre encore un peu plus ce sentiment d'invincibilité qui règne dans son cerveau depuis qu'il s'est assis sur New-York avec ses dollars. On retiendra tout particulièrement cette phrase: "That Beef will probably sent your monkey ass to see Allah". "I Got Swag", produit par Dual Output, est le petit son qui bouge tranquillement pour tenter de nous convaincre qu'il est toujours dans le coup, sympathique mais peu mieux faire. On cherchait de l'originalité, il y en a une pincée dans ce "Gangsta's Delight" reprenant évidemment l'air des Sugar Hill Gang. Mais la créativité s'arrête la car la non plus rien de très spécial ne s'en dégage finalement. Si 50 Cent nous faisait un temps soit peu rêver à ses débuts, ce n'est définitivement plus le cas. La faute à lui même qui s'est enlisé dans sa propre gadoue. Au fait! On attend ton featuring avec Susane Boyle... (il voulait faire un duo avec elle)
Bobby_Milk
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le 20 déc. 2011

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