Before the Dawn Heals Us
7.6
Before the Dawn Heals Us

Album de M83 (2005)

M83 a longtemps été le fruit d'un travail en duo. Les deux premiers albums avaient été produits par Anthony Gonzales et Nicolas Fromageau, qui s'étaient lancés dans ce projet alors qu'ils avaient à peine 20 ans, au tout début des années 2000. Pour son troisième album, l'ambitieux et éthéré Before the Dawn Heals Us, le duo d'Antibes M83 s'est métamorphosé en un projet solitaire du timide Anthony Gonzales.
Depuis le premier album éponyme, sorti en 2001 sur le label indépendant Gooom, suivi deux ans plus tard par l'éthéré Dead Cities, Red Seas & Lost Ghosts, la musique du groupe s'est révélée entièrement nourrie par des visions utopiques faites de florilèges enchantés, d'ornementations hantées. On a pourtant cru reconnaître, dans chacun de ces disques, les spectres qui hantaient les productions de My Bloody Valentine ou Boards Of Canada. Sur Dead Cities, Red Seas & Lost Ghosts, le groupe s'éloignait des ambiances électroniques de ses débuts pour s'emparer de territoires un peu plus rock et souvent assez proches de la musique atmosphérique produite dans les années 70 par des groupes comme Tangerine Dream, Popol Vuh, voire King Crimson. Sur le nouvel album plus encore que sur les deux précédents, toutes ces références, souvent opposées, contradictoires, parviennent à vivre ensemble mieux que jamais, y établissant même une sorte de géographie musicale inédite, bien plus ambitieuse que par le passé. Before the Dawn Heals Us est ainsi, d'abord, un disque de rock hypnotique, lancinant et très prenant. Il faut se laisser entièrement happer, envelopper par ce disque-là, aux envolées souvent spatiales et cosmiques, pour en saisir les nuances, les revirements et les tensions internes. Parfois, sur quelques morceaux, Anthony va contre sa nature et se met à chanter. Sa voix s'élève alors parmi les instruments, porteuse d'une mélodie sombre. Et Before the Dawn Heals Us évoque alors les plus beaux moments d'un autre groupe français, Air, qui évolue aussi sur les mêmes aires et sur les mêmes territoires musicaux, atmosphériques. Sur scène, au contraire, le chant d'Anthony se laisse enfouir parmi les guitares rugueuses du groupe qui l'accompagne, devenant un instrument parmi d'autres. M83, que l'on avait connu un peu gauche en concert, prend désormais une ampleur un peu plus cosmique. Parfois, le groupe évoque le shoegazing anglais de la fin des années 80 : guitares en avant, réverbérées, entêtées, stratifiées à outrance, M83 ressuscite une époque brève, mais remplie de disques rêveurs, comme ceux, désormais cultes, de Slowdive ou Chapterhouse. (Inrocks)


Plutôt sourd que vieux, voilà un principe qui peut encore engager à la naissance de disques extatiques, et ce n'est pas M83 qui le contredira. Soucieux de bercer ses auditeurs en leur laissant néanmoins quelques sérieux tintements et acouphènes à l'oreille, le groupe recentré autour d'Anthony Gonzalez poursuit avec ce troisième album une thématique de l'innocence perdue, qui confine de plus en plus à une fuite en avant dont les excès lyriques s'avèrent romantiques en diable. Deux ans après Dead Cities, Red Seas & Lost Ghosts, son amour d'une électronique faite de lignes droites parcourues à tombeau ouvert permet de poursuivre un jeu où il se révèle désormais bien meilleur que les plus didactiques Death In Vegas (le single A Guitar And A Heart en témoigne). Surtout, le mur du son de plus en plus imposant bâti par la production chapeaute des constructions exponentielles, qui cherchent moins le détail savant, pour révéler une indéniable sincérité. Là où on pourrait croire que l'emballement tente de pallier à un manque de confiance en la solidité de la démarche, l'inquiétude, qui a toujours été l'un des moteurs de cette musique, est transcendée par ses excès. Ainsi, sur Can't Stop, la voix file dans les aigus, à la manière de Bardi Johannsson reprenant Stop In The Name Of Love avec Bang Gang. M83 surprend aussi quand il calme le jeu sur Car Chase Terror!, où un dialogue de film, comme un écho à Diabologum, est restitué sur toute la durée du morceau, jusqu'à répercuter ses motifs sur la plage suivante. De cette emphase naît une forme qui a pour elle sa verve incandescente : Don't Save Us From The Flames, nous avait prévenu M83 dès l'entrée en matière d'un disque à la candeur salutaire.(Magic)
Après une première écoute de ce disque, j'ai eu envie de le jeter par la fenêtre, je l'avoue.

Ca commence plutôt bien, pourtant, "Moonchild" fait bonne impression en guise d'introduction. Mais bien vite, des breaks de batterie d'un kitsch absolu mettent la puce à l'oreille, et au bout de deux minutes d'insistance sur les quatre mêmes notes, c'est net, je m'emmerde. Difficile par contre de reprocher quoi que ce soit à "Don't Save Us From The Flames", stratégiquement placé en deuxième position et single noisy ultra efficace, un peu comme du Rollerskate Skinny adapté au XXIème siècle, moins tordu, plus immédiat. Passons sur "In The Cold I'm Standing" (du Dead Can Dance enregistré avec Tangerine Dream ou je rêve ? Je rêve), pour nous occuper de "Farewell / Goodbye", quelque part entre le slow de "La Boum" et "Stanlow" d'Orchestral Manœuvres in the Dark (la mélodie de voix doublée par un son de synthé assez proche, sans doute) : il faut bien l'admettre, c'est splendide à laisser bouche bée. L'est-ce assez pour faire pardonner le pilotage automatique bruitiste des deux morceaux qui suivent ? Non... Pour ne pas faire la fine bouche, quand Anthony tente de nous refaire le coup du tube imparable ("Teen Angst", un peu moins évident que "Don't Save Us From The Flames", mais aussi bon) ou du slow qui tue ("Safe", plus laborieux) ? A vrai dire, ça dépend des écoutes. Par contre, la fin du disque est beaucoup plus indigeste : "Car Chase Terror", trop téléphoné avec son faux dialogue de film, et "Slight Night Shiver " tombent à plat ; "A Guitar and a Heart" sonne vraiment trop comme du mauvais Hard FM des années 80. Faut pas exagérer quand même. Après les deux premières minutes de pure extase de "Lower Your Eyelids To Die With The Sun", il faut se taper une séance d'empilages et de dépilages de nappes qui semble durer des siècles. On perd un peu le sens du temps, dans les galaxies lointaines. C'est un peu la morale de l'histoire : pour grappiller quelques instants de félicité, il faut souffrir beaucoup de lourdeur. Dommage.(Popnews)


Il arrive que des groupes se séparent lorsque l’un de ses membres quitte l’aventure, d’autant plus lorsque c’est un duo… Anthony Gonzales, lui, a préféré poursuivre l’aventure M83 en solitaire, suite au départ de Nicolas Fromageau. Autant dire que l’évolution se fait sentir, même si l’on retrouve le son caractéristique du groupe, plus mature dans son utilisation. Ce qui frappe aujourd’hui c’est un fort cousinage avec Air, sans pour autant lâcher un certain psychédélisme floydien ou une noisy-pop à tendance shoegazing qui avait vu naître le groupe antibois. Parfois un peu cheap comme sur Farewell/Goodbye qui n’est pas s’en évoquer un slow de "la Boum 2", l’ensemble séduit par des chansons qui semblent avoir toujours fait partie de notre discothèque. Malgré la forte présence des claviers, cet album fait la part belle aux guitares parfois survoltées (*) pour des mélodies des plus efficaces (Don't Save us From the Flames ou Teen Angst) ou des ambiances plus cinématographiques (I Guess I'm Floating) accentuées sur Car Chase Terror par le monologue de l’actrice américaine Kate Moland. Même si ce nouvel album semble partager les avis, essentiellement en France, "Before The Dawn Heals Us" apparaît pourtant comme une grande réussite pop comme un Mercury Rev sait (ou plutôt savait) les faire. Peut-être un digne successeur… (indiepoprock)
Depuis "Dead Cities, Red Seas And Lost Ghosts" sorti en 2002, de l'eau à coulé sous les ponts chez les Antibois de M83. Nicolas Fromageau a quitté le navire, laissant Anthony Gonzales seul aux commandes de cet embarcadère singulier, bardé de roboteries que n'aurait pas renié Jean-Michel Jarre, de beats accrocheurs et de guitares piquées à Bloody Valentine.Disque d'émancipation pubère, "Before The Dawn Heals Us" pousse le bouchon plus loin que son prédécesseur, comme si son créateur voulait en mettre plein les mirettes plus que nécessaire et s'affranchir du passé (cf le titre de l'album). Heureusement, on retrouve - boosté à bloc - tout ce qui était si plaisant chez M83 : une session ryhtmique plus pêchue, des guitares plus incisives et terriblement efficaces (A Guitar And A Heart), et une profondeur accrue (Moonchild) confèrent une formidable énergie à ce disque aux respirations épiques et renversantes. On ne sait plus où donner de la tête tant les directions empruntées par Gonzales sont variées, surprenantes, anachroniques. Un pied dans la variétoche eighties (Farewell-Goodbye), l'autre dans le rock'n'roll (Asterick), mais les bras fièrement levés vers un electronica novateur, lisse et planant a souhait, le DJ Antibois peut dorénavant arrêter de gesticuler, car il n'a plus rien à prouver.Hypertrophié, souvent excessif, cet album risque bien de remporter la mise s'il ne parvenait pas à agacer ses auditeurs, ou même les perdre dans ses entrailles éparpillées. Bel effort tout de même.(liability)
bisca
7
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le 10 avr. 2022

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bisca

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