Black Monk Time par Garfounkill

Voici du rock. Du rock d'ouvrier, du rock qui transpire, du rock qui saigne, pas du rock qui s'aère les poumons dans les prairies en été. Voici du rock tourmenté, violent, joyeusement piquant.

Black Monk Time, dans le déluge rock des sixties, est un disque à part. Géographiquement : enregistré en Allemagne par des GI's en exil.
Historiquement : tout le monde est au courant de l'existence, en Allemagne, d'un certain malaise ambiant (le mur, la guerre, l'occupation, bref, ya d'la joie) et ce disque en est la preuve flagrante. Rien à voir avec l'optimisme naissant des hippies, plus à l'ouest.
Musicalement : la groupe va chercher à expérimenter vers une musique crue, bruitiste, répétitive... du Sonic Youth avant l'heure. Pas visionnaire, mais foutrement en avance.
Un groupuscule de fans germaniques raffolant de ce rock sauvage se forme, et personne ne se soucie des paroles : cynisme, sarcasme, crudité et sexe sont les maître mots des moines foncés. Les Monks reprennent les clichés de la musique populaire d'alors et les tournent en un savant mélange de violente rigolade ; "I hate you, cause you make me hate you... but call me." Sans parler de "Complication", directement adressé aux USA :
People kill,
People will for you.
People run,
Ain't it fun for you.
People go
To their deaths for you.
Complication!