Il y a des disques qui ne cherchent pas à révolutionner quoi que ce soit, mais qui réussissent à ranimer une flamme qu’on croyait affaiblie. Celebration Rock de Japandroids, sorti en 2012, c’est exactement ça : un déluge d’électricité et d’émotions, qui ne lâche jamais prise, qui transpire la vie à chaque riff. Ce n’est pas un album parfait — mais c’est un album incandescent, et c’est pour ça que je lui mets un solide 8.5/10.
Dès les premières secondes de The Nights of Wine and Roses, on sait dans quoi on met les pieds (ou plutôt les tripes) : guitares saturées à bloc, batterie qui cogne, et ce chant qui ne cherche pas la précision, mais l’impact. L’album est court — huit titres pour à peine plus d’une demi-heure — mais il avance comme une traînée de poudre. Pas de temps mort, pas de pause, pas de détour.
On sent que le duo canadien joue chaque morceau comme si c’était le dernier. Ce n’est pas poli, ce n’est pas raffiné. C’est brut, urgent, sincère. Et c’est justement cette sincérité qui frappe et qui accroche.
Sous le vacarme, il y a des chansons profondément humaines. Younger Us, The House That Heaven Built, Fire’s Highway : chacune d’elles est une sorte d’hymne de survie, crié à pleins poumons. On y parle de jeunesse, de fraternité, de nuits sans fin, de souvenirs déjà brûlants, de cette nécessité de vivre fort, parce qu’on ne sait pas combien de temps ça va durer.
Rien de prétentieux dans les textes. Pas de poésie obscure. Juste des mots simples, directs, qui sonnent vrai. Et cette simplicité fait mouche, parce qu’elle colle parfaitement à la musique : une sorte de punk romantique, tendu vers le ciel.
Ce qui rend l’album si attachant, c’est qu’il ne respire pas la colère — il respire la joie furieuse. Ce n’est pas un rock dépressif ou cynique. C’est un rock qui gueule parce qu’il est encore en vie, et qu’il veut le dire le plus fort possible.
The House That Heaven Built en est le point culminant : un refrain imparable, un tempo de marathon, une montée d’énergie pure. Si tu ne ressens rien en l’écoutant, peut-être que tu devrais vérifier ton pouls.
Alors oui, tout l’album sonne un peu pareil. La production est volontairement rugueuse, et certains morceaux se fondent un peu les uns dans les autres. Mais quand l’intensité est aussi constante, est-ce vraiment un défaut ? Celebration Rock ne veut pas être varié — il veut être brûlant.
Ce que j’aime par-dessus tout avec cet album, c’est qu’il ne triche pas. Il n’essaie pas d’être cool, tendance ou “indé intelligent”. Il balance tout, sans filet, comme si le groupe avait mis toute sa foi dans la puissance brute du rock. Et ça fonctionne.
Il y a quelque chose de profondément vivant ici, une envie de hurler avec ses potes dans la nuit, de sentir le sol vibrer sous les amplis, de croire — même brièvement — que rien d’autre n’existe.
Celebration Rock, c’est le genre de disque qui ne se consomme pas à la légère. Il se vit à plein volume, les bras en l’air, le cœur un peu trop grand pour le corps. Si tu cherches de la nuance, passe ton chemin. Si tu veux ressentir quelque chose de brut, de vrai, de viscéral… alors monte le son.
Note : 8.5/10 — Un album qui hurle la vie avec une intensité rare.