Chariots of Fire (OST)
7.4
Chariots of Fire (OST)

Bande-originale de Vangelis (1981)

Apportez-moi mon chariot de feu (et au pas de course !)

Dans cette bande originale, il y a le thème principal (qui ouvre le disque), et il y a le reste.


Ce "Main Titles" est tellement devenu mythique que la plupart des gens le connaissent, sans même savoir que Vangelis en est l'auteur. C'est la tête de pont de toute son œuvre, son morceau-phare, au même titre que l'est "Oxygène 4" pour Jean-Michel Jarre ou l'introduction de Tubular Bells pour Mike Oldfield. Le titre qui écrase tout, et tend parfois à faire oublier le reste d'une œuvre pourtant pléthorique, et bien plus riche et intéressante que le titre en question.


C'est un bon morceau, pour être honnête - même quand on l'a beaucoup entendu et écouté, il garde une indéniable efficacité, résultat d'une écriture simple (alternance de couplets et de refrains répétitifs en dépit de quelques variations) combinée à une mélodie s'imposant par son évidence.
Typiquement le genre de morceau dont on croit qu'il est facile à faire, qu'il est "fabriqué" pour plaire, alors que son succès triomphal n'est bien souvent que le fruit du hasard, un alignement parfait de planètes que l'auteur n'avait certainement pas anticipé, et dont il n'aurait pas même osé rêver, dans la plupart des cas.
Il est probable, d'ailleurs, que ce soit ce titre en particulier qui ait valu l'Oscar de la meilleure musique de film en 1982 - sa seule récompense lors de la prestigieuse cérémonie (il semble totalement improbable que ses partitions pour Blade Runner et 1492 n'aient pas été seulement nommées, mais bref, passons).


D'accord. Mais qu'y a-t-il au-delà de ce monstre ?
Des titres honnêtes, dans l'ensemble. Pas géniaux ni novateurs pour Vangelis - on retrouve des sons et des manières d'écriture qui évoquent d'autres albums du compositeur, d'Apocalypse des animaux huit ans plus tôt à Antarctica qui paraîtra deux ans plus tard. Signe que Chariots of Fire est parfaitement à sa place dans l’œuvre de Vangelis, dans l'écrin chatoyant de la première partie de sa discographie, sans en être non plus le joyau que l'on pourrait imaginer.


"Five Circles" déploie sur cinq minutes une ritournelle émouvante, presque romantique, qui vaut d'ailleurs à ce morceau de figurer sur plusieurs compilations de l'artiste, dont le très estimable Thèmes. Élégant et aérien, "Abraham's Theme" n'aurait pas déparé dans la B.O. de Blade Runner l'année suivante, tandis que "Eric's Theme" joue la carte de la mélodie triomphale dont Vangelis a le secret, sans grande inspiration hélas.
"100 meters", ensuite, s'aventure plutôt du côté expérimental et passe sans déranger l'oreille, avant d'enchaîner avec une reprise de "Jerusalem", hymne traditionnel britannique sur un poème de William Blake, où apparaissent les mots "chariots of fire" ayant donné leur titre au film.


Jusqu'ici, rien de bouleversant.
Reste alors le titre final, simplement intitulé "Chariots of Fire", et long de 20 minutes. De prime abord, quand on connaît le bonhomme et sa capacité à se transcender, on se lèche les babines en espérant du grandiose.
Ben non, en fait.


On commence par une longue intro dont le manque d'idée est compensé par des effets sonores, puis voici venir une variation mollassonne sur le thème principal, et une autre du fameux thème d'Eric, pas plus intéressante que sa première occurrence, et enfin une longue fin sans ligne directrice qui s'étiole comme une longue agonie.
Tout laisse penser qu'il s'agit d'un montage de plusieurs morceaux composés par Vangelis pour la B.O., et assemblés ici en guise de résumé. Ou d'un brouillon, d'une ébauche, d'une longue improvisation du compositeur censée fournir la matière à la future bande originale.


Encore une fois, ce n'est pas désagréable à écouter, mais cela n'a rien de transcendant non plus. C'est même limite décevant, et amène à se poser la question de la légitimité de l'Oscar (qui aurait été totalement plus mérité pour Blade Runner ou *1492... mais bref, j'ai dit, passons).
Tant mieux pour Vangelis, qui a sans doute pu construire la suite de sa carrière sur ce triomphe, et y puiser liberté et tranquillité d'esprit. Quand on regarde certaines ses œuvres suivantes, et la longévité globale de son parcours, on ne peut que s'en féliciter.

ElliottSyndrome
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le 6 juin 2021

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ElliottSyndrome

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