◆ Avant-propos :
Lil Peep est mort ce jeudi 16 novembre 2017. Si la cause est inconnue, l'overdose semble fort probable quand on sait que son manager s'était préparé à recevoir la triste nouvelle depuis 1 an (voir l'article de Billboard).
Si son premier album n'était pas exempte de défaut, Lil Peep était prometteur et aurait probablement corrigé cela lors d'un deuxième album.
Cette présente critique, datant de 2 mois, n'a pas été retouchée.


Après ses mixtapes Cry Baby, dont la différence entre refrain et couplet était difficilement décelable, digne d’un Chief Keef (et son fameux « I don’t like ») et Hellboy dans la continuité (le tout aux paroles emo dans le sens le plus stéréotypé) ; Lil Peep revient avec son premier album Come Over When You’re Sober.


L’artiste de Long Beach, qu’on range dans la catégorie emo hip hop, fait aussi partie de ceux qui cumulent les écoutes sur Soundcloud leur conférant le statut de rappeurs Soundcloud. Entre ça et les rappeurs YouTube on ne saurait dire lequel est pire que l’autre, sachant que ces gens utilisant ces termes seront sûrement les premiers à la ramener si ces plateformes disparaissaient. On aime détester.
Avant l’écoute, autant le dire, je ne m’attendais à pas grand-chose suite aux dernières mixtapes qu’il avait lâché. Niveaux paroles, ça n’allait pas loin. Quasiment aucune recherche, au diable les métaphores et autres figures de styles et les pépites se comptaient sur les doigts d’une main (et pour être franc, je n’avais besoin que du pouce). C’est peut être aussi le genre qui veut ça, mais c’est d’une telle simplicité, que ça en devient parfois gênant.


Ici, pas de réel travail. C’est brute. Un album sans le côté surproduit, ce qui peut être bon dans un sens. Comme il le dit lui-même, il mettait 20 minutes pour écrire une chanson, puis enregistrait dans sa chambre, confiait-il à Noisey.


Come Over When You’re Sober (pt.1) parle de relation, de rupture, de l’ex qui nous hante, et qui nous pousse à user des drogues pour oublier le temps d’un instant. Lil Peep parlera aux dépressifs, mais sans forcément la poésie qui va avec. Comme déjà dit, il va à l’essentiel. Ca reste terre à terre, le rappeur ne s’embête pas de vouloir mettre en image ses sentiments. Dans «  Awful Things » Peep veut ainsi oublier son ex, il veut entendre ces choses affreuses qui l’aideront à passer à autre chose. On est en plein dans du emo. Il n’a rien d’exceptionnel, il le sait (I get it girl / I’m not the one).


La force (ou la faiblesse) de Lil Peep, c’est d’être focalisé sur des chansons-refrains. On a souvent l’impression d’entendre un refrain sans fin de bout en bout. Le genre de musique fait pour vous rentrer dans la tête en une seule écoute comme c’est le cas de « Better off (Dying) », ainsi que « Save That Shit ». Cependant, on peut reprocher au jeune homme – tatoué comme on gribouillerait une feuille de cours – d’être un peu trop nonchalant dans sa voix, manquant d’énergie, contrastant avec l’instrumental comme sur « Benz Truck (гелик) ». Mais la faute, peut-être, à sa consommation de benzo (entre autres) dont il ne se cache pas. Il ouvre d’ailleurs le flacon sur « U Said » pour oublier. Puis le morceaux change de musique dans le dernier tiers pour emprunter une énergie qui nous fera penser à Blink-182 dans ses intonations. Mais Peep reste dans le hip hop, et se trouve confronter à des limites ou de mauvaises habitudes. C’est ainsi que « The Brightside » contraste fortement entre la guitare et le drum pad. C’est dommage car le morceaux aurait gagné à n’être composé que de vrais instruments. Même constat pour « Problems ».


Au final, ce premier album est probablement à l’image de Lil Peep. C’est assez nébuleux, comme un rêve, comme une soirée dont on peine à se souvenir du fait d’une consommation excessive de choses plus ou moins licites qui nous aient tombées dans les mains. Des couplets qui ressemblent à des refrains, des refrains qui répètent inlassablement la même chose : Peep veut oublier, Peep veut mourir, Peep se drogue. En fait, Lil Peep semble être un artiste de rock sans groupe et ses musiques en pâtissent. Pourtant, cet album est garanti sans sample, tout est original, mais tout semble minimaliste par manque de moyens. C’est un défaut qu’on retrouve chez tous ces artistes de cette vague. Du coup, quand on sait que Lil Uzi Vert souhaite faire un album de rock, on lui souhaite de trouver des musiciens et de ne pas commettre les mêmes erreurs que Lil Wayne.


NB : J'étais parti sur 4.5, mais on ne peut pas.

IknowImLateAgain
4

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le 15 sept. 2017

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