Je ne sais pas si c'est juste un ressenti personnel ou si ça peut se vérifier en termes de ventes, mais de mon côté c'est ainsi que je l'ai vécu : les gars de Scorpions ont trouvé à nouveau un certain espace médiatique en 2010 avec l'album Sting in the Tail.
Plus de promo pour les concerts, des passages télé avec les tubes d'antan mais une certaine présence quand même, ça donnait l'illusion que le groupe retrouvait sa gloire d'antan.
Seulement, ce Comeblack est sorti à peine un an après et ça se ressent. Il s'agit de versions réenregistrées d'anciens titres du groupe, et de reprises. Pour les reprises le groupe ne s'est pas aventuré dans des contrées très éloignées de ce que connait le grand public. Les Kinks, les Stones, les Beatles, c'est pas des propositions très originales et surtout c'est repris de façon assez convenue.
Alors que valent les réenregistrements ? Et bien c'est pas top. J'ai pourtant en tête un exemple récents de versions réenregistrées à l'occasion d'un disque qui parlent plutôt bien je trouve, c'est ce qu'a fait Sting avec My Songs. Les changements dans les arrangements sont mineurs mais bien au rendez-vous, le son est forcément plus moderne sans dénaturer le travail qui avait été fait sur les versions originales, et on a la voix d'un type bien plus vieux au micro, ce qui est bien normal.
Ici, Scorpions a déjà entamé une nouvelle période de la carrière du côté de la production, c'était déjà le cas dans Sting in the Tail. En gros, ils sonnent comme un groupe de Metal lambda des années 2010. C'est pas un reproche, c'est un son très massif, c'est très "produit" (certains diront surproduits mais on va éviter d'utiliser ce terme à tort et à travers), très carré et très propre. Forcément les émotions, dans cette équation-là, passent un peu à la trappe, enfin je trouve.
Les enregistrements de Scorpions dans les années 70-80 avaient une certaine magie, qu'on ne peut demander au groupe de reproduire 30 ans plus tard avec une façon d'enregistrer et de mixer la musique qui est très différente, en plus des membres qui ont forcément vieilli entre temps. Mais si c'est pour que le résultat soit aussi convenu, c'est forcément regrettable. Rien de neuf à l'horizon dans Still Loving You à part le son et la tonalité qui a baissé, je me revois écouter en boucle le maxi-45 tours de l'originale. Cette fois tout est trop lisse, trop sage, le slow avec lequel le groupe a trahi les fans du Heavy des débuts sonne soudainement faux.
Le résultat étant plutôt propre, je ne me vois pas dézinguer le groupe au niveau de la note, mais c'est vrai que c'est peu inspiré comme disque...