Souvent cité comme le chef-d'oeuvre des Creedence Clearwater Revival, Cosmo's Factory est un album assez paradoxal. Je le trouve très hétérogène comparé aux deux précédents disques du groupe. Il y a des reprises blues totalement inutiles (Before You Accuse Me, Ooby Dooby, My Baby Left Me), des titres originaux sympathiques (Travelin Band, Lookin' Out My Back Door, Run Through The Jungle), de véritables classiques (Up Around The Bend, Who'll Stop Rain, Long As I Can See The Light) et des morceaux improbables, longs et démesurés à l'image des ambitions progressives de Ramble Tamble et de I Heard It Through The Grapevine.


Dans une certaine mesure, Cosmo's Factory est un parfait résumé de la carrière des CCR, il y a tout dans cet album, c'est une sorte de fourre tout qui en fait sa richesse mais aussi sa faiblesse. Je trouve qu'il y a un peu de facilité et de laisser aller, un côté un peu moins frontal et définitif que sur les précédents albums, une vision artistique moins définie. Ramble Tamble, par exemple, est un titre qui tente des choses mais le résultat, sans être mauvais, loin de là, n'est pas à la hauteur de ses ambitions. Et encore une fois, les reprises blues parasitent la cohérence de l'album, leur fonction bouche trou me saute aux oreilles à chaque fois que j'écoute le disque.


Après, Cosmo's Factory reste un très bon album et j'ai envers lui une sympathie énorme comme pour tous les autres disques du groupe. Les CCR ont toujours cette énergie roots, cette puissance chaleureuse unique en son genre. Et Cosmo's Factory contient quelques tueries qui figurent parmi les meilleurs morceaux du groupe : la folie pop bondissante de Up Around The Bend, la beauté paroxystique de Who'll Stop The Rain (la ballade ultime des Creedence) et de la conclusion Long As I Can See The Light. Et puis il y a évidemment I Heard It Through The Grapevine et son groove endiablé qui n'en finit jamais. J'ai toujours pensé que la réputation de Cosmo's Factory devait beaucoup à cette reprise fantastique, même si c'est un peu l'arbre qui cache la forêt.

benton
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le 15 août 2016

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