Creatures of the Night
6.7
Creatures of the Night

Album de KISS (1982)

Guilty 'til I'm proven innocent, whiplash, heavy metal accident.

Après un échec monumental avec leur album précédent, The Elder, KISS devait remonter la pente savonneuse qu’ils s’étaient eux-mêmes créée depuis Dynasty. Il fallait que leur dixième album renoue avec leurs fans mais aussi avec le Hard Rock, qu’ils avaient plus ou moins laissé de côté depuis un moment. Et contrairement à ce qu’ils avaient pu dire avant cette fois-ci pour Creatures Of The Night, ils n’ont pas menti. Certes le groupe revenait vers ces origines mais cela signifiait aussi la fin pour Ace Frehley. Il ne participa en rien à l’enregistrement, contrairement à ce qui est écrit sur l’album. Enfin mis à part pour les apparitions télévisées pour la promo, ainsi que pour le seul et unique clip. C’est ainsi que le premier des nombreux guitaristes remplaçants fit son apparition, l’inconnu Vinnie Vincent. Tout comme Eric Carr (le Renard), Vinnie a eu lui aussi le droit à son propre maquillage : le guerrier au Ankh (je cherche encore à comprendre mais apparemment Paul Stanley l’a créé à la dernière minute). A savoir qu’Eddie Van Halen (du groupe du même nom) s’est proposé pour le remplacement, suite aux désaccords créatifs qu’il avait avec David Lee Roth. Sauf que Genne Simmons, qui avait produit leurs démos, préférait engager un inconnu afin de garder le mystère autour des membres du groupe. Mais aussi car il savait qu’il ne pourrait pas formater le petit Eddie.
C’est aussi un retour aux sources avec la pochette. KISS est à nouveau le centre de l’attention, on ne voit que eux. Gene, Paul, Eric et même Ace y sont réunis, alors que ce-dernier n’a absolument rien foutu, c’est en réalité une simple histoire de contrat. Ce n’est franchement pas leur meilleure pochette, tout ça à cause de l’étrange cadrage qui coupe les visages de Paul et Ace, mais surtout à cause de filtre bleu totalement inutile. En fait si la pochette avait été uniquement en noir et blanc, ou simplement en utilisant un fond noir comme sur le premier album ça aurait été parfait. En 1985 une nouvelle version de cette pochette a été réalisé, elle montre Gene, Paul, Eric mais aussi Bruce Kulick à la place d’Ace (pourtant lui non plus ne joue pas sur l’album). En plus de ce changement, KISS ne porte plus leur maquillage iconique. En tout cas c’est une meilleure version, un peu trop marquée par son époque et qui se permet de mentir à nouveau. Enfin peu importe, le plus important reste le contenu de l’album !

On ouvre le grand bal sur la chanson titre Creatures Of The Night. Tout de suite on remarque le changement d’orientation sonore. KISS a jeté à la poubelle leur Pop Rock Disco ainsi que leur pseudo Rock Progressif. Au contraire avec cette chanson on se demande même si le groupe n’a pas commencé une nouvelle carrière cette fois dans le Heavy Metal. L’instrumentation est maintenant bien plus mise en avant et le son s’est alourdit, en grande partie grâce à la batterie explosive d’Eric Carr. Sans parler de Paul Stanley qui semble être à la limite de ses capacités vocales, proche de l’égosillement à certains moments. C’est une façon parfaite d’ouvrir cet album. Etrangement Gene Simmons est ici remplacé par le bassiste de Toto, Mike Porcaro, qui prouve que son groupe peut faire autre chose de bien à part la bande originale de Dune).
Gene Simmons retourne lui aussi vers le style qui lui va le mieux avec Saint And Sinner. Il pousse sa voix dans les graves, un peu comme sur God Of Thunder. En même temps c’était un peu con de l’entendre chanter plus "gentiment" sur l’album précédent alors qu’il est sensé être le Démon, le Mal incarné, il doit être une bête. Sur cette chanson c’est bien Vinnie Vincent qui est la guitare, d’ailleurs il n’apparait pas sur toutes. En plus de cela, Saint And Sinner a été co-écrite par Simmons lui-même mais aussi par Mikel Japp qui avait déjà travaillé avec Paul Stanley sur son album solo, c’est du coup certainement pour cette raison que la chanson fait très KISS pré-Dynasty.
On enchaine à nouveau avec Paul Stanley sur Keep Me Comin’. Au moins avec un titre comme ça on sait de suite à quoi s’attendre, comme il nous avait habitué au début du groupe la chanson parle de cul et de rien d’autre. Du coup ça colle parfaitement avec le style entre Led Zeppelin et Whitesnake de la chanson. Entre les refrains entêtants et le solo tortueux de Vinnie Vincent, c’est évident que KISS est de retour et dans une meilleure forme qu’avant.
Sans aucune surprise c’est Simmons qui suit avec Rock And Roll Hell, d’ailleurs tout l’album s’enchaine de cette façon : Paul puis Gene et ainsi de suite. C’est sans hésiter l’une de mes chanson préférées sur Creatures et certainement l’une des meilleures. Et là je suis tombé sur le cul en découvrant qui avait écrit cette chanson, car Gene n’est pas le seul responsable ici. En fait il a été aidé par Jim Vallance, qui a écrit pour Aerosmith, Alice Cooper ou encore Ozzy Osbourne, mais c’est aussi le collègue principal de Bryan Adams (oui le mec de Robin des Bois). Sauf que ce n’est pas ça le plus surprenant, en fait Bryan Adams a lui aussi bossé sur Rock And Roll Hell, ça ne ressemble pas du tout à ce qu’il fait dans sa carrière solo. Et en plus de cela il faut ajouter Robben Ford à la guitare, qui a entre autres joué avec Mile Davis ou encore George Harrison, c’est pas rien.
Danger de Paul Stanley est malheureusement la chanson oubliable de l’album. Vous vous souvenez quand je disais sur les albums précédents que Paul avait parfois ce problème de faire parfois de bonnes chansons complètement oubliables ? Et bien on dirait qu’il renoue avec ses anciennes habitudes avec Danger. Elle est très rythmée et marquée par la batterie du Renard mais il manque quelque chose pour la rendre plus intéressante en dehors de l’album.
Par contre c’est tout le contraire avec I Love It Loud, co-écrite par Gene et Vinnie. En voilà une chanson facile à retenir, entrainante et franchement amusante. C’est d’ailleurs la seule à avoir un clip, alors que d’autres le méritaient tout autant. C’est un peu une tentative de renouer avec le succès de Rock And Roll All Nite, mais en mieux (je ne supporte toujours pas cette chanson). Le seul problème finalement est son manque de solo, il a bien un pont instrumental avec quatre pauvres notes mais je ne considère pas ça comme un solo. Par contre faudra m’expliquer pour le groupe semble se casser vers la fin mais finalement revient pour terminer réellement la chanson dans un fondu (un fondu comme Alice Cooper à la même époque).
Il fallait bien un ballade, que serait un album dans les années 80 sans Power Ballad. C’est exactement ce que Paul Stanley a fait avec I Still Love You. Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, on est loin du truc gnangnan et nunuche qu’il a pu faire avec Hard Luck Woman. Peut-être est-ce parce qu’il a été aidé par Vinnie Vincent à l’écriture, c’est bien possible. Mais il faut surtout signaler qu’Eric Carr est absolument déchainé sur sa batterie de 5 mètres de haut, je me demande vraiment s’il en restait quelque chose à la fin de l’enregistrement. Le petit Eric se permet aussi de jouer la basse, tout en ayant à nouveau Robben Ford à la guitare. Ce titre est franchement un petit bijou, sans hésiter la ballade la plus réussie de toute sa carrière.
Killer de Gene et Vinnie est un titre typique des groupes Hard Rock/Heavy Metal de l’époque. C’est rythmé et marqué par les guitares, la rythmique étant assurée par Simmons pour une fois. Malheureusement elle tombe un peu dans le syndrome Stanley, sympathique mais oubliable, même si personnellement je la trouve un peu mieux que Danger.
Au lieu de laisser la place à Paul pour terminer l’album Gene préfère rester et rattraper le coup avec War Machine. Voilà enfin la chanson tant attendue, la meilleure de Creatures. Et qu’est-ce que j’entends ? Le duo Adams/Vallance est de retour ? C’est encore plus surprenant cette fois-ci étant donné la puissance et la lourdeur de War Machine, tout à fait digne du personnage des comics Marvel (il apparait chez Iron Man mais la chanson n’a aucun rapport en réalité). A nouveau Eric Carr explose sa batterie de 5 mètres de haut, logiquement en forme de canon comme on peut l’apercevoir lors de la tournée pour l’album. Et une fois de plus c’est Simmons qui assure la partie rythmique. Le truc marrant du jour est que War Machine souffre du plus ou moins "fameux" syndrome Lucifer Sam, le riff principal ressemble à s’y méprendre à celui de la chanson de Pink Floyd. C’est un syndrome dont un certain nombre de groupes semble souffrir, je vous renvoie d’ailleurs vers la petit liste du Révérend Z sur ce propos (http://www.senscritique.com/liste/Le_syndrome_Lucifer_Sam/330138).

Malheureusement l’album n’a pas réussi à convaincre les fans de la première heure qui avaient déjà rejeté KISS dès 1979 alors que Dynasty pointait le bout de son nez. L’album sera tout de même certifié Or mais seulement quelques années après sa sortie. Étrangement l’album ainsi que la tournée ont été un immense succès au Brésil, un pays qui est déjà réputé pour son amour du Heavy Metal. C’est franchement dommage ne l’album n’a pas pu avoir le succès qu’il méritait car contrairement aux trois albums précédents (que j’adore), le groupe a réellement essayé de faire quelque de plus moderne mais proche de leur style original. Je pense que les fans de Heavy Metal devraient tenter leur chance avec Creatures Of The Night mais les fans qui ont abandonné KISS en cours de route devraient eux aussi l’essayer. Réellement c’est le meilleur album du groupe depuis Destroyer, même si personnellement j’adore les trois albums que tout le monde déteste.

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le 12 mai 2014

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Hairy_Cornflake

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