Crises par Fabien Labonde
ça des crises, il en a vécu le père Oldfield !
Périodes de déprime, peur de jouer en public, divorces, … mais l’album qui porte ce nom a plutôt pour qualité l’équilibre. Equilibre entre « Crises » le morceau long et les cinq courts (quatre chansons et l’instrumental « Taurus III ») qui sont tous d’une extrême qualité (contrairement à Platinum dont la face B souffre la concurrence de la face A), équilibre des voix masculines et féminines …
Mais surtout équilibre du son : les années 80, le super synthé-échantillonneur-séquenceur Fairlight, la production de Simon Philips (aussi doué aux baguettes qu’à la console) et le mastering font de l’effet.
D’abord, sur la face A, l’imposant « Crises » surprend. On connaissait d’Oldfield de longs morceaux faits d’expositions ambiantes assez tendues et d’une succession de passages très courts et très variés. Là, les thèmes sont très posés, les styles aisément identifiables, le seul grain de sable dans l’engrenage est le chant de Mike … atypique, s’il en est … mais j’achète !
Vient « Moonlight Shadow », le tube, dont il ne reste plus grand chose à dire si ce n’est que tout (le texte, les mélodies, la structure, l’interprétation) y est à sa place. Seul regret : Virgin demandera désormais à Oldfield que chaque album ait un tube de ce calibre. Résultat : auto-imitation, frustration, auto-parodie, puis clash avec Richard Branson. M’enfin j’anticipe là.
La chanson suivante est « In High Places », difficile à qualifier tant le jeu d’Oldfield y est discret et le chant de Jon Anderson (du groupe Yes) céleste.
« Foreign Affair », c’est le tiercé gagnant, car il est rare de trouver dans un album de Mike trois bons morceaux chantés à la suite.
Il n’y en aura pas quatre, car l’éclatant « Taurus III » vient refermer le triptyque « Taurus » (un autre tiercé gagnant – ou trilogie victorieuse si l’on ne veut pas que cette page attire les gens qui tapent « tiercé » sur Google.)
La crise devient exacerbée sur « Shadow On The Wall », du rock anglais binaire mené par une basse dactylique, des guitares criardes en contrepoint et le chant de Roger Chapman, rocker tout aussi décadent que bedonnant. Dans le livret intérieur, Mike Oldfield avouait que se tourner vers le heavy metal (sic) l’avait toujours tenté. Je vous laisse faire vos propres commentaires.
Bref … cet album, qui ne se résume pas qu’au tube « Moonlight Shadow » est à la fois un vecteur de plaisir immédiat et une référence musicale que tous les aspirants compositeurs de poprock devraient étudier.