Corbin est un artiste incroyable. Méconnu. Depuis Mourn (2017), il a atteint le paroxysme de son œuvre et livre album après album une mélancolie infinie, dans un style très dur à définir entre rock et influences plus électroniques et hip-hop. Sa voix est une des choses très marquantes immédiatement. Il délivre une plainte déchirante. Dans Mourn, cette plainte était empreinte de colère et de détresse assez masculines. La détresse inquiétante de quelqu'un qui tape dans les murs. Puis elle a muté peu à peu en quelque chose de plus apaisé et éthéré. Comme si ses souffrances s'étaient peu à peu stabilisées, d'abord dans Ghost with Skin (2021) et encore plus dans Crisis Kid (2025).
C'est un voyage synthétique inspiré comme beaucoup d'artistes de sa génération des sonorités des années 80 qu'il nous propose ici.
Un voyage dissociant, où corps et âme s'envolent en restant statiques dans des espaces lointains, lumineux mais tristes.
L'album passe à une vitesse folle encore une fois. Pris un par un, l'impact est largement en deçà de ce qu'offre l'expérience de l'album. La poésie et la production sont d'une intensité rare. Peu d'artistes me touchent ces dernières années autant que le fait Corbin. C'est encore un chef-d’œuvre.