Diamond Dogs
7.5
Diamond Dogs

Album de David Bowie (1974)

Le spectacle est terminé, fermez les rideaux!

Ressenti publié dans le cadre de mon classement intégral de la discographie de David Bowie, composée de 26 albums studio.

Numéro 5 : Diamond Dogs

Avec la sortie des albums The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars et AladdinSane et les concerts qu'ils ont occasionnés, David Bowie a connu un succès jusqu'alors inédit dans sa carrière. Cela a même eu de l'effet sur son travail antérieur, la chanson Space Oddity était devenu par la suite un grand succès, le clip ayant été refait et réalisé par Mick Rock. L'album Hunky Dory s'est lui aussi mieux vendu une fois ces albums sortis. Dans la foulée, il sort son album de reprises Pin-Ups qui n'est pas resté dans la postérité mais qui s'est tout de même très bien vendu. Tout semble donc aller pour le mieux pour le chanteur qu'on ne présente désormais plus sur ces terres.


Après cette période pleine, la question que Bowie se pose est la suivante : que faire, maintenant? Une vaste question à laquelle l'artiste y voit plusieurs éléments de réponses, bien que beaucoup ne se concrétiseront pas. Adaptation d'une bande dessinée (Octobriana), d'une pièce de théâtre mettant en scène son alter-ego le plus connu où l'adaptation musicale du roman "1984" de George Orwell. Nous y reviendrons.


Finalement David Bowie produira son prochain album, Diamond Dogs. La principale chose qui différencie cet album des précédents dans sa conception est qu'il est désormais séparé de son fameux groupe The Spiders From Mars, et donc de Mick Ronson par la même occasion. Pour la première et dernière fois de sa carrière, le chanteur composera et jouera tous les solos de guitare de l'album. Ayant toujours eu une main mise sur ces différents projets, ici c'est exacerbé au point que très peu de libertés sont accordés aux musiciens qui l'accompagnent durant la production du projet. C'est aussi durant la période consacrée à l'album que Bowie amorcera sa consommation de cocaïne, provoquant une addiction qui durera quelques années..


N'ayant pas reçu les droits de pouvoir adapter sur les planches le roman d'Orwell, Bowie en conservera son aspect dystopique et y fera un clin d'oeil plus qu'appuyé à la fin de l'album. Un album qui justifiera une tournée où la théâtralité chère à l'artiste sera une nouvelle fois de mise. Si l'album aura à son tour un succès commercial et critique, il sera tout de fois moindre que les précédents et est encore aujourd'hui moins cité, bien qu'ayant une place à part dans la discographie de l'artiste de par sa singularité.


Si l'album qui mettait en scène l'extra-terrestre Ziggy Stardust débutait en annonçant l'Apocalypse, la trame de Diamond Dogs se déroule dans un futur post-apocalyptique où nous suivrons le personnage d'Halloween Jack, que l'on découvre dès la superbe intro "Future Legend". Soixante secondes d'introduction, amorcée par une des cris de chiens et une ambiance sombre décadente et propre à ce que sera l'album. Bowie y est le narrateur et annonce les Diamond Dogs, gang d'adolescents violents. S'ensuit directement le titre éponyme, savoureux titre de lancement. De par l'entrain du morceau, l'ambiance sombre s'éclaire quelque peu malgré les paroles, tout en n'étant pas en rupture avec l'intro et annonce la singularité sonore du projet. C'est une pièce en trois partie qui suivra la chanson, "Sweet Thing/Candidate/Sweet Thing Reprise". Si ces trois chansons auraient pu en être qu'une et on été séparés pour une raison que j'ignore, le résultat est sublime. Le premier titre du triptyque est splendide, Bowie nous y offre une remarquable partition vocale, superbement accompagné musicalement dans un titre mélancolique enivrant et dont l'oreille ne se lasse jamais au fil des écoutes. Des ajouts d'instruments et des variations du thème principal sont incorporés sur les deux suites, le tout entre des transitions mémorables faisant de ce segment de trois titres un très grand moment. Une fois cela digéré, les notes de guitares les plus connues de l'album résonnent. "Rebel Rebel" , ode à la liberté, n'est peut-être pas ce qu'on imaginerait musicalement dans l'album après le triptyque qui le précède, nous prenons néanmoins ce qu'il donne avec le plus grand plaisir. D'une efficacité diabolique, la chanson à cette faculté de dynamiser l'auditeur et est une nouvelle réussite dans ce projet. Si je trouve que le morceau aurait peut-être été plus cohérent musicalement avec l'album si il avait été à son début , après le titre éponyme pour être plus précis, il a tout à fait sa place dans l'album. Ce que je ne dirais pas forcément avec le titre suivant. "Rock 'n' Rock With Me" est un bon morceau et pour moi la qualité n'était pas ce qui pouvait lui faire défaut, mais plus sa nature qui ne collerait pas forcément avec le ton de l'album. Une chanson qui avait selon moi plus sa place dans un album comme Toys In The Attic du groupe Aerosmith par exemple. Seulement, avec les nombreuses écoutes de l'album diluées dans le temps, je n'ai plus aucun souci avec ce titre, que ce soit du point de vue affectif avec ce refrain qui ne me convenait pas ou bien sa présence dans l'album à laquelle je suis désormais habitué. Puis lorsque j'entends ce titre, je sais impérativement que le prochain arrive ensuite et cela suffit à me mettre en joie. "We Are The Dead". Les mots ne suffisent pas ou alors je n'ai pas le talent pour exprimer ce que ce titre me fait ressentir. La perle de Diamond Dogs. Une chanson qui a elle seule rend tout l'album plus beau et charmant à mes yeux. Ce morceau est tout ce que j'aime dans ce projet, mais ici dans des proportions ô combien plus importantes. Gothique, théâtral, macabre, excessif et merveilleusement incarné par un Bowie en grande forme et une production qui n'a ni la minutie d'un Ziggy Stardust ou d'un Aladdin Sane, mais que je remercie pour cela. La production semble presque inachevée et apporte selon moi tellement plus de singularité à un morceau qui est l'un de mes préférés de son auteur. Un titre qui prend de la place mais qui en laisse suffisamment aux prochains pour conclure avec aisance. Le deuxième segment "1984"/"Big Brother"/Chant of the Ever Circling Skeletal Family" dont je n'aurai pas l'outrecuidance de rappeler les inspirations terminent l'album sur une très bonne note, plus funky et rythmée que ce qu'est l'album jusqu'ici et dont nous retrouverons les sonorités dans l'album suivant du chanteur. Ça ne dénote pourtant pas négativement avec le reste et si chaque titre du triptyque est inférieur selon moi au précédent, ils deviennent en même temps chacun de plus en plus des accessoires permettant de conclure ce qui au final ressemble à la bande-originale d'une pièce de théâtre. Et ce sont de très bons accessoires.


Diamond Dogs est donc un précieux joyau dans la discographie de David Bowie, un de ceux que j'affectionne le plus et qui encore aujourd'hui me fascine le plus. Malgré ses imperfections et le fait que l'album soit moins sophistiqué que les autres de la période glam, il est pourtant celui dont j'ai la sensation d'avoir encore le plus à découvrir, et cela à chaque écoute. Plus qu'à attendre la suivante..

nassim-starless
9
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le 7 mars 2023

Critique lue 9 fois

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