Dry
7.6
Dry

Album de PJ Harvey (1992)

Si PJ Harvey s’est assagie depuis quelques années, ses débuts discographiques sont emprunts d’une fureur et d’une spontanéité que l’on ne retrouvera, hélas, que rarement dans ses albums futurs malgré leurs indéniables qualités.


Dry respire la jeunesse, la rébellion et malgré cette envie de foncer tête baissée sans réfléchir, la musique de la jeune Polly Jean fait preuve d’une maturité impressionnante. Soutenue en plus par une section rythmique en acier trempée qui permet de lui donner plus d’impact, composée de la basse de Steve Vaughan tandis que la batterie est assurée par Robert Ellis.
Néanmoins, réduire cette jeune femme à un rock efficace, bête et méchant serait une grossière erreur. Il y a quelque chose de plus dans sa musique, quelque chose d’indescriptible et de sournois chez elle. Comme cette volonté de jouer avec les silences pour mieux faire monter l’adrénaline quand elle se décide à faire parler sa guitare (« Happy and Bleeding »).
Il y a quelque chose oui, derrière tout ça. Sa musique pue la crasse et le sexe. La fougue des instruments dissimule un malaise plus latent.


Cet album a l’odeur des premières fois et je parle de toutes "les premières fois", donc même les esprits les plus mal tournés peuvent continuer de lire la chronique, et c’est justement de cette première fois que je parle. PJ se jette dans l’inconnu et malgré toutes ses craintes, elle réussit alors qu’elle pensait échouer lamentablement. Pas mal pour quelqu’un qui se dit sèche (Dry) et c’est sûrement pour cette raison que la conclusion n’est autre que « Water », digne rock aérien qui permet de laver une PJ qui se sent bien sale après 40 minutes d'un rock cradingue.


Je pourrais parler de ses influences blues malgré une musculature post punk, des violons angoissants de « Plants And Rags » ou encore de l’incroyable puissance que peut dégager un morceau comme « Joe », dont le côté grungy peut évoquer Sonic Youth. Non je le ferai pas, puisque tout cela a déjà été dit, et sûrement mieux dit.
Alors prenons ce disque pour ce qu’il est, comme une façon indécente de se mettre à nu. Ce n’est justement pas sans raison de Polly Jean se présente sous son plus simple appareil derrière le CD.


Cette indécence permet de découvrir cette fille au talent d’écriture marquant et qui allie avec brio ses mélodies désabusées et sa hargne. Si Rid of Me poussera ce qui s’est fait ici plus loin, il ne possède pas ce goût que possèdent les premiers disques. Ceux qui sont déjà pleins de promesses mais qui pourtant, ne semblent pas être le brouillon d’un projet futur.


Cet album a bien le goût des premières fois et cette première fois s’est rudement bien passée. Mieux, ce fut fantastique. Merci PJ.


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
9
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Créée

le 23 juil. 2015

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Seijitsu

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