Quand Fear Fun sort en 2012, Josh Tillman fait peau neuve. Fini le batteur discret de Fleet Foxes, place à Father John Misty : personnage bigger than life, cynique, drôle et terriblement lucide. Et franchement, cette transformation est réussie.
Dès les premiers morceaux, on comprend que cet album ne sera pas une simple promenade folk. Il y a du rock, de la psyché, un zeste d’absurde, et surtout une écriture brillante, pleine de second degré. "I'm Writing A Novel" est à la fois hilarant et profond. "Hollywood Forever Cemetery Sings" donne des frissons avec sa noirceur élégante. Tillman se raconte, se moque de lui-même, de la société, et peut-être aussi de nous — mais avec style.
Tout n’est pas parfait : certains morceaux se perdent un peu, comme si lui-même hésitait entre confession sincère et performance ironique. Mais c’est aussi ce flottement qui fait le charme de Fear Fun. Il ne cherche pas à être lisse. Il cherche à être vrai, à sa façon.
Avec ce disque, Father John Misty ne se contente pas de lancer une carrière solo : il invente un personnage, un univers, une voix singulière. C’est ce mélange d’authenticité et de mise en scène qui m’a accroché. Un album à la fois bancal et brillant — comme ceux qui osent vraiment.