Omar m a tuer (les tympans). Le second album de The Mars Volta commence sur un leurre fatal : guitares scintillantes et lointaines, un premier couplet chanté du bord des lèvres, puis soudain le big-bang. Une boule de feu qui se décroche et roule comme sur le parquet d'un bowling satanique pour s'en aller vous défoncer l'oreille. Omar Rodriguez-Lopez est à la guitare, Cedric Bixler-Zavala au chant, on reconnaît de loin ces deux tignasses, les mêmes qui rendaient At The Drive In si magnétique sur scène, si marrant aussi. L'affaire dura jusqu'en 2001, date du démembrement du groupe de El Paso dont la fièvre était montée au maximum avec leur quatrième et ultime album : Relationship on Command. Les musiques qui intéressent ces deux dissidents (les autres officient sous le nom de Sparta), il faut avoir la patience de décortiquer leur impressionnant Frances The Mute pour en voir surgir des lambeaux : space-jazz, psychédélisme byrdsien, blues épique, salsa coupée au shit comme chez Santana, metal gothique, british-folk, krautrock, repetitive music, soundtracks d'épouvante italiens façon Goblin' et rock progressif pour rendre tout ça encore un peu plus monstrueux. The Mars Volta essuie avec ce disque les plâtres parfois encore fragiles d'une musique inouïe, sinon dans les cauchemars respectifs des punk-rockeurs et des prog-rockeurs. Une boursouflure pour les uns ? titres en latin, morceaux à tiroirs interminables, solos de gratteux à huit doigts, hurlement de poulet qu'on égorge ?, une décharge grossière, lapidaire et assourdissante pour les autres. Passé le premier écran des concours de biceps métalliques, Frances the Mute avance des arguments autrement plus intéressants. La voix (Robert) plantureuse de Bixler-Zavala transbahute une véritable émotion, quelque chose d'indescriptiblement fissuré, comme un dysfonctionnement hormonal qui n'aurait dès lors plus rien à voir avec les habituels braillements du hard ? core ou rock. Mais c'est surtout dans ce que cette musique peut abandonner en chemin de digressions expérimentales qu'il convient d'aller fouiller : le solo improvisé de Moog, à la fin de The Widow, renvoie obligatoirement à Sun Ra, au Cosmic Explorer des Nuits de la Fondation Maeght en 70. (Inrocks)


Pour Omar Rodriguez-Lopez et Cedric Bixler-Zavala, la moitié chevelue des défunts et géniaux At The Drive-In, la séparation de leur précédent groupe fut vécue comme une libération. Finis les compromis faits au genre hardcore, oubliés les formats étriqués du rock : The Mars Volta définit sa musique comme une aventure sonore sans clôture ni limites qui puise autant dans les souvenirs intimes que dans l’imagination de ses auteurs. S’inspirant d’un journal intime anonyme trouvé par un ancien membre du groupe aujourd’hui décédé, Frances The Mute est une longue narration où un homme part à la recherche des ses racines familiales. De cette passionnante idée de départ propice aux retournements de situations, le duo compose dans tous les sens et sur plus d’une heure un péplum néo-progressif, avec pour commandements les tablatures 70’s édictées par King Crimson et Genesis. Soit une propension à faire dégouliner les soli de guitare, une maîtrise technique éprouvante de complexité, un chant trituré et gorgé d’effets, une succession de pics et de creux qui plombaient déjà leur premier coup d’essai De-Loused In The Comatorium. En dehors de quelques beaux moments fugaces piochés ici où là (la salsa ralentie et le chant espagnol sur L’Via L’Viaquez), certains titres reprennent sans honte la grandiloquence cheap d’Europe ou Bon Jovi. Même si l’ambition affichée par The Mars Volta semble tout à fait à sa mesure, le résultat nous dépasse tellement qu’on ne sait plus très bien à quoi se raccrocher.(Magic)
Il est possible de se détendre et de se crisper en même temps"... C'est à Veracruz, lorsque David décide de partir à la recherche de Vera pour s'excuser à la place de son père, qui l'a violée vingt ans plus tôt, que cette phrase est lâchée dans le roman de Jim Harrison (de Marquette à Veracruz). A un temps suspendu entre passé et futur, quête des origines, recherche de soi et miséricorde ne font qu'un dans ce livre. Proche et loin à la fois, le disque de Mars Volta est taillé dans la même roche. De Marquette à Veracruz ; de Tucson (fief de l'ex(plosif) At The Drive-in) à la planète Mars : les voyages, qu'ils soient littéraires ou musicaux, forment la jeunesse...Dans ce cadre, Cédric Bixler peut bel et bien se permettre des plages à la fois contemplatives et explosives ("The Widow"), chaotiques et introspectives ("Cygnus... vismund cygnus"). Mais la comparaison pourrait s'arrêter là. Car on a affaire ici à un album sauvage, qui ne laissera pas l'auditeur indemne : le fan des expérimentations atonales de Lee Ranaldo et consorts (en existe-t-il seulement un ?!) sera sûrement déçu du lyrisme de cet album, tandis que les amateurs de pop scintillante se verront abusés par tant d'électricité... En définitive, ce second album de Mars Volta se situe sur une tangente entre l'agacement et le sublime, laissant à la charge de l'auditeur le soin de tracer sa propre ligne dans ces méandres. Mais cet album complexe a au moins le mérite de repousser un peu plus loin les frontières de ce que certains appellent encore le Rock'n Roll. Et l'on imagine finalement bien ces garçons pour une date unique en France, leur tourneur s'arrachant les cheveux pour savoir s'ils seront en tête d'affiche du Furyfest ou des Eurockéennes de Belfort. Détendu, et crispé à la fois...(Popnews)
Il faudra bien cesser de parler d’At The Drive In un jour ou l’autre, de regretter de n’avoir eu un ultime uppercut à se prendre dans les dents avant la séparation du quintette. "Frances the mute", deuxième album d’Omar Rodriguez Lopez et Cedric Bixler Zavala sous le nom de The Mars Volta nous rappelle tout au long de l’écoute que ce temps est révolu. Définitivement.The Mars Volta est probablement le groupe affilié à la scène rock qui se démarque le plus du rock comme il est loué ces derniers temps : ni direct (5 titres à rallonge, pour plus de 70 minutes) ni spontané, ni vraiment punk mais au contraire très pensé, appliqué et bardé d’influences latinos chères à Carlos Santana… Trève de plaisanteries, nous en sommes aussi très loin. De At The Drive In, on ne retiendra véritablement que l’hystérie de certains passages, cependant moins bruitistes et confondant de maîtrise rythmique. Imaginez une rencontre entre Tito Puente, Sun Ra et Led Zeppelin… pas évident, il faut en convenir. D’ailleurs le disque mérite (le terme est choisi) plusieurs écoutes concernées. Le dilettantisme auditif n’est pas permis ici. Le travail de production est phénoménal, tant sur l’agencement des titres que sur les textures des sons. La voix de Cedric Bixler est à l’avenant : haut perchée et virevoltante, ce qui déplaira à beaucoup de novices. Ajoutons à cela des cordes, des flûtes traversières, des cuivres mariachis, un goût immodéré pour les longues digressions, un slow langoureux et/mais vicelard (The Widow) et certains frôleront vite l’overdose quand d’autres réclameront leur dose. On pourra difficilement rejeter le terme progressif (réhabilitons pour la peine King Crimson) pour qualifier ce disque, souvent rebutant pour l’amateur de rock, mais l’inventivité hargneuse de The Mars Volta a quelque chose de très réjouissant. Et heureusement, les deux rescapés d’At The Drive In conservent leur sublime afro. (indiepoprock)
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le 6 avr. 2022

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