L’enfant terrible de l’indie Mac DeMarco nous est revenu cet été avec son premier album en bonne et due forme depuis 2019, après un projet instrumental datant de 2023 et la titanesque (en nombre de pistes) compilation One Wayne G, totalisant neuf heures de maquettes, parue quelques mois plus tard.
Guitar, sa nouvelle offrande, se veut particulièrement simple et directe (comme son nom le suggère, lui aussi particulièrement simple et direct) : 31 minutes totalisent le projet en 12 pistes ultra-homogènes, le tout porté par une orchestration plus épurée que jamais et des textes mélancoliques et honnêtes, peut-être les meilleurs de sa carrière.
La première chose qui nous vient en tête en s’attaquant au premier morceau de Guitar : ça vient du cœur. C’est un peu mou, certes, les chansons se fondent entre elles plus l’album avance, mais l’intention derrière est terriblement authentique. Dans un monde où cet immondice et désespérant concept des Velvet Sundown attire des centaines de milliers des auditeurs les plus écervelés du globe, on se dit, en écoutant Guitar, qu’il reste encore de l’espoir par rapport à ces artistes qui ne surproduisent pas vainement leur musique, ces artistes qui préfèrent à la place se mettre à nu et présenter la version la plus vraie d’eux-mêmes.
Certains vous diront que le projet est paresseux, moi, je vous dirais plutôt qu’il est doux et sincère.
DeMarco s’essaie à de nombreuses reprises à la voix de fausset (contre-ténor) dans l’album, on l’entend dès la première note du premier morceau, Shining. Si on se permet de noter une nouvelle expérimentation de l’artiste, c’est bien cette technique de chant maintenant bien assumée.
Le Britanno-Colombien semble également avoir beaucoup écouté les chansons plus pop des Beatles ces dernières années, alors qu’on perçoit beaucoup l’influence du très influent Paul McCartney dans plusieurs suites d’accords et des mélodies de Guitar. Après, à vrai dire, les artistes qui ne se sont pas inspirés des Fab Four depuis les 60 dernières années sont plus rares que les musiciens s’en étant inspirés.
Coups de cœur personnels pour Phantom et Sweeter, qui m’intriguent quant à leurs versions sur scène, avec le reste du band de DeMarco, qu’il présentera peut-être pendant sa tournée mondiale débutée il y a quelques semaines à peine.
On sait pourtant pertinemment que Mac DeMarco peut faire mieux, Salad Days, mais surtout This Old Dog, son opus incontournable d’après moi, nous le rappellent quand on s’y attèle à nouveau.
Mais Guitar reste tout de même un bon retour sur piste pour le Canadien, un très agréable projet qui s’écoute on ne peut mieux sur son enceinte en sirotant sa bière de micro un samedi soir au parc Lafontaine, alors que la température de cette fin d’été nous le permet encore.
Tous les albums de DeMarco sont faits pour être écoutés dans ce cadre particulier, en fait, l’indie révèle une certaine magie dans les parcs montréalais.
Insatisfait de Hear The Music, un album sur lequel il travaillait juste après One Way G, Mac DeMarco a complètement recommencé le travail à zéro avec cette nouvelle parution, Guitar, écrite et enregistrée en 12 jours seulement.
Tiens, ça nous rappelle le comportement d’un certain Neil Young, qui ressort seulement maintenant des tablettes poussiéreuses ses « albums perdus » des années 70, ces albums qu’il avait aussi jeté, à l’époque, pour un rien, comme Oceanside Countryside ou son sublime et touchant Homegrown.
Pour les fans de DeMarco, on espère que l’artiste indie ne suivra pas ces pratiques douteuses de l’immense Young, son compatriote.
De la musique gaspillée, c’est toujours dommage, qu’importe l’artiste.
En fait non, à quelques exceptions près. Benson Boone, tu aurais pu garder ton American Heart pour toi, on ne t’en aurait pas voulu.
Vraiment.
https://panm360.com/records/mac-demarco-guitar/