Les pionniers du punk.

A mon sens, cet album est fantastique dans son contexte. Il semblerait que le fait que ce soit plus ou moins un album de reprises représente un frein pour certaines personnes et réduise la qualité à leurs yeux (c'est généralement mon cas d'ailleurs). La différence est qu'autant de reprises est ici compréhensible: l'album est sorti en 1965, et à cette époque même les Beatles enregistraient encore des reprises. De même pour les Rolling Stones, les Byrds ou Bob Dylan. A bien y regarder, il y a des reprises sur à peu près tous les grands albums de l'époque.

Pourquoi ce phénomène ? Tout simplement parce que c'est ce qu'il fallait faire pour exister. Frank Zappa disait que si on jouait des compositions originales, on ne pouvait jamais être programmé sur scène. Or à l'époque, et probablement encore aujourd'hui, soit on faisait ce qui nous était demandé, soit on était remplacé.

The Sonics jouaient donc des titres rock populaires, certains que les Beatles avaient eux-mêmes joués. Ce qui les différencie alors, c'est qu'ils sont probablement le meilleur exemple de la mantra: "it's not what you do, it's how you do it".
Cet album est sauvage. Oui, "sauvage" est le bon mot. Alors bien sûr, si Slayer est votre étalon pour mesurer la violence de la musique, vous risquez de me prendre pour une idiote. Mais en 1965, personne ne criait sur un disque, et ce dans un aucun style musical, à moins d'être totalement fou ou de s'en battre complètement. Quand je parle de crier, je parle de saturer les micros et amplis qui n'étaient pas assez puissants pour endurer ça. The Sonics ne baissaient jamais le pied, ils ne relâchaient jamais la pression et je suis sûre qu'ils devaient se plaindre du manque de puissance du matériel car ils auraient voulu envoyer encore plus.

En plus de ruiner des classiques du rock aux oreilles du consommateur lambda de musique (alors qu'ils les rendent encore meilleurs), quelles chansons ont-ils composées ? Pas des chansons d'amour, non, mais des chansons sur des filles démoniaques, sur partir en vrille, ou sur boire du poison. Oui, boire du poison.

Des punks je vous dis.

{S'il ne fallait garder qu'un titre}: Have Love Will Travel. La chanson que tous les saxophonistes utilisent comme exemple quand ils veulent prouver qu'ils peuvent jouer du rock.