"We walked into Mike League's studio in Brooklyn with two finished songs... just two... to begin a new Lighthouse band record. Crazy thing to do... unless you're walking with Michelle and Becca and Michael. What happened is... We wrote the whole rest of the record and recorded all of it and mixed it with Fab in one month. Never done anything like that before... an amazing creative experience. I asked for it to be a group record... not a solo with help. They took me seriously and the result was explosive. This is one of the best musical experiences of my life. I am very happy to share this with you. Hope this lifts you as it did us."


Extrait des notes du cd signées Crosby himself.


Les critiques sont des cons.


Et probablement le suis-je un peu en les écoutant aussi parfois au lieu de me fier à mes propres intuitions surtout en ce qui concerne l'un de mes artistes préférés. Car voilà t'il pas en fin d''année 2018 que j'entends parler de ce disque peu de temps après avoir vu l'immense Crosby et ses potes musicos à l'Olympia en septembre pour la tournée de Sky trails (son disque de 2017 que j'ai également chroniqué au passage en bon fan).


Evidemment par curiosité et plus qu'alléché, je me mets alors à écouter le peu d'extraits disponible sur youtube, lire des chroniques, voire des interviews du vieux maître. Et surtout je tombe sur des chroniques évoquant un "sous" Lighthouse (son album de 2016 que je n'ai pas encore chroniqué, en moins bon fan si vous suivez), en moins bien donc. La même chose à en lire certains. Evidemment à l'heure des zéros sociaux où tout va dorénavant très vite et où le manque de recul peut amener tout et n'importe quoi (le sujet principal de cette excellente série B qu'est Assassination Nation, sorti en salles l'an dernier, un peu inaperçu à mon goût hélas), j'aurais dû me méfier de ces chroniques, mais le mal était fait : je ne me jetais pas sur l'album (en fan alors bien pitoyable), je remisais ça de côté. Je gardais toutefois l'option "à mettre de côté" en le mettant dans ma wishliste FB : un gros dossier où je fourre un peu tout ce qui me fait envie, films, disques, livres, mangas, bandes dessinées, etc etc. Une wishliste qui sert le plus souvent pour les amis voire la famille si on ne sait pas quoi m'offrir à mon anniversaire ou autre festivité sympathique de l'année (rigolons pas, j'ai déjà eu à plusieurs reprises des cadeaux que.... j'avais déjà ! Au moins on ne se trompait pas sur mes goûts en un sens).


A la fin de l'année peu avant de me retirer dans le fief parental de l'autre côté de la France (coucou les 7h de bus), je reçois des cadeaux de Noël d'Amazon, de la part de mon frangin avec des choses justement dans ma wishliste.


Et donc il y avait le dernier David Crosby dedans.


Et ce fut un émerveillement fabuleux de bout en bout.


Oui parfois les critiques sont vraiment cons. J'aurais pu passer bêtement à côté de cette merveille où David lui-même comme il l'explique, à voulu un travail de groupe et pas juste un album solo de plus. Les musiciens sont donc mentionnés sur la pochette (qui n'est toujours pas sur Sens Critique, lolz) même si le nom de David Crosby est évidemment en plus gros. Quid de la relation avec Lighthouse du coup ? Il s'agit du même line-up mais on s'en éloigne bien sûr et c'est tant mieux. Je ne sais pas qui avait de la cire dans les oreilles pour y déceler un double de l'album de 2016, en moins bien en plus parce que non, cent fois non, ce n'est définitivement pas la même chose.


Brièvement pour contextualiser la différence que nous avons là, Lighthouse est un projet d'album folk épuré au possible et où les chansons se basent sur des structures qui les dispensent parfois de vrai début ou de fin mais tournoyant autour d'un refrain (c'est difficile d'expliquer comme ça). On a juste la voix de Crosby et sa guitare, la guitare de Michael League et parfois un petit arrangement ça et là (oh de l'orgue là, oh un piano) et un peu des voix de Michelle Willis et Becca Stevens. Ce qui donne au final une tonalité à 2 guitares avec la voix de Crosby et parfois des choeurs assez magiques qui nous ramènent aux années 70.


Bien sûr, en aucun cas la musique de Croz a volonté d'apporter une révolution actuelle dans le folk-rock des années 2010. Son retour brillant en 2014 était déjà en soi une révolution quand on y pense. Mais Crosby est un magicien : Il sait où se diriger, il sait faire briller comme nul autre pareil l'alliance de sa voix et les harmoniques produites par une simple 6 cordes et sa musique actuelle se bâtit sur le terroir et le style qu'il a largement contribué à faire pousser en lui depuis son premier album solo (voire les albums avec Crosby, Stills and Nash. On décèle même du pur Crosby à 2,3 moments dans les Byrds avant son départ.... pour le moins précipité ahem). Bref Crosby a sa boussole intégrée et jamais il n'a perdu le Nord. Quand il nous dit qu'il est toujours avec nous, là si on sait écouter (Here if you listen), ce n'est pas qu'envers les critiques ou le tout petit-petit-petit-fan (qui s'autoflagelle, promis après j'arrête, j'ai assez fait pénitence là) que je suis, c'est pour la société actuelle, et c'est un message d'écouter en levant le pas. En ralentissant. Pour mieux apprécier la vie et sa musique.


Donc ici comme je le résumais, on est plus dans le simple projet qui avait mené à Lighthouse même si l'équipe est la même. Car Michelle Willis et Becca Stevens ne vont plus cette fois se contenter de faire les voix des choeurs mais jouer aussi aux côtés de Michael League (du groupe Snarky Puppy). En résulte une profusion d'instruments et d'arrangements soignés où l'on est plus dans un travail d'épuration mené au son de deux guitares mais, accordé sur le plan de la mélodie et travaillé visiblement dans une certaine urgence (mais à entendre dans le sens de profusion d'idées à coucher sur le papier et du direct pour l'enregistrement). Des mélodies indolentes, calmes, douces. Un avant goût du paradis. Cela en fera fuir certains, cela en charmera d'autres (dont moi). Avec toujours ce petit côté addictif propre à Crosby le magicien.


Oui Crosby est là toujours avec nous si on l'écoute bien.
Et si on l'écoute bien, le bonheur est à nos pieds.
A nos oreilles aussi.

Nio_Lynes
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le 14 janv. 2019

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