Interstellaires par Strangeman57

Ouf ! Je ne vais pas vous mentir, je suis soulagé après l'écoute de cet "Interstellaires" d'entendre que Mylène n'a pas encore creusé sa tombe. Car depuis "Avant que l'Ombre", au titre bien trop prophétique, l'ange français s'est perdu, l'Ombre est effectivement arrivé et on allait de déception en déception, d'album en album. Laurent Boutonnat était tombé dans une Dance Music putassière, parfois digne d'une Ilona Mitracey (si si, vous vous rappelez d'elle, googlisez moi ça) et ni Red One, ni Moby, ni Archive n'ont réussi à lui faire relever la tête sur "Bleu, Noir", encore considéré aujourd'hui comme son plus mauvais album. Pour ne rien arranger, la belle rousse a décidé de ressortir en premier single un titre qui n'avait pas marché de Sting, "Stolen Cars", qui encore aujourd'hui, me laisse de marbre malgré la production efficace de The Avener.

Et à défaut de majestuosité, ça sera cette efficacité que l'on retrouvera tout au long des titres. Rien à dire, Martin Kierszenbaum fait le boulot, ce dernier ayant travaillé aussi bien avec Lady Gaga que Keane, Sting ou Feist : il s'occupe ici de la majorité des compositions avec souvent, des tentatives d'imiter la patte de Boutonnat. Le titre éponyme et "Love Song" nous font donc penser au versant rock de Mylène, particulièrement présent sur "Anamorphosée", se trouvent aussi quelques obligées ballades électroniques ("Un jour ou l'autre" ou "Insondables") bien plus simplistes et quelconques que celles qui ont fait son succès (aaaah... "Rêver") et "A rebours", ironie du sort, qui aurait pu être composé par Moby sur "Bleu/Noir". Ne soyons pas surpris de tomber aussi sur quelques titres dansants comme "Pas d'access" ou "C'est pas moi" que ma mère avoue "écouter à fond dans la voiture" et qui sont effectivement, de bonnes factures.

Ok, tout ça c'est très bien, mais quand est-ce que Mylène nous emporte, nous touche, nous provoque ces émotions dont seule elle avait le secret ? Ou peut-être Boutonnat... Oui, voilà. Je pense que c'est ce dernier qui a fondé l'image de la mystérieuse, la sublime, l'insondable Mylène et que sans lui, elle n'est qu'une chanteuse, presque banale malgré sa voix atypique. Notre Lana Del Rey à la française aux soupçons de Madonna. En fin d'album, arrive l'un après l'autre les meilleurs titres qui font me contredire... Qui aurait pu m'offrir une reprise si belle et particulière d'"I Want You to Want Me" du groupe rock Cheap Tricks ? Qui aurait pu chanter des refrains mélant aussi bien mélancolie et rêverie sur "Voie Lactée" ou "City Of Love" ? Mylène finit par être portée par ces productions beaucoup moins excentriques que d'habitude et bien plus faciles. Tant pis. On s'en contentera. On se dira que c'est le symbole de sa fragilité tant interprétée.

Boutonnat n'arrivera peut-être jamais à retrouver son niveau d'antan, il ne nous reste plus qu'à rêver qu'un nouveau producteur talentueux la prenne pour muse et à son tour, transcende cette mystérieuse créature qu'est Mylène. L'âge aidant, ses textes devraient se faire encore plus profonds et spirituels. Pour l'instant, la flamme s'est un peu ravivée sur "Interstellaires" en espérant qu'un coup de vent ne l'éteigne pas définitivement. Plaçant nos oreilles autour pour la protéger.

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