Leçon n°5 : l'introspection.

Orelsan, après Civilisation en 2021, revient quatre ans plus tard avec La fuite en avant, son cinquième album studio qui accompagne également la sortie de son film Yoroï. Je n'ai pas vu le film (qui est apparemment plutôt bon) et tant mieux car c'est de la musique, et de la musique uniquement, dont il est question ici.

La fuite en avant marque un changement d'ambiance net comparé à l'album précédent. Par opposition au brin de folie et à l'urgence de Civilisation, ce nouveau projet cherche à explorer les confins de l'introspection.

Dès l'introduction, Le pacte, Orelsan entame un auto-dialogue. Il se met dans la peau d'un alter ego et, à la deuxième personne, fait son propre constat, un constat assez négatif d'ailleurs qui énumère tous les problèmes auquel Orelsan est confronté maintenant qu'il est célèbre, mais qu'il doit assumer car « il l'a voulu, il l'a eu » :

Tu l'as voulu, tu l'as eu, maintenant, assume ; La presse, les couvertures, qu'on t'arrête dans la rue ; Les photos dégueulasses à ton insu ; Le mec agressif qui sort son téléphone et t'insulte ; Le tribunal des beaufs qu'ont aucune preuve et qui t'jugent

Cet auto-dialogue continue au fur et à mesure que l'album progresse, notamment sur Encore une fois, un feat excellent où Yamê joue le rôle de l'ancien Orelsan, où encore sur La petite voix, une track sombre et incisive où le Caennais vide son sac pour tirer sur tout ce qui bouge. J'ai trouvé le morceau incroyable, en particulier de par la façon dont Orelsan fait monter la température et évoluer sa voix, en partant d'un timbre grave et mystérieux à une intonation plus aigue et retentissante. Pour ceux qui n'y ont pas fait attention, je vous invite à faire l'exercice d'avancer plusieurs fois le morceau de trente secondes et cela vous sautera aux yeux...

Le fil de l'album est très intéressant aussi, il débute par du contexte et des doutes qui se noircissent peu à peu avant qu'Orelsan ne fasse le vide et se recentre sur lui-même, terminant même par une note plus positive (« deviens meilleur, faut tryhard ») sur Yoroï, une collaboration avec Thomas Bangalter qui fait office d'ouverture au film éponyme, aussi bien par le nom que par le côté épique voire shōnen de la guitare, qu'on retrouve visiblement dans le film.

Enfin, j'ai beaucoup apprécié tous les sujets abordés, ça change un peu du paysage actuel et je me suis pas mal identifié dans certaines tracks.

Alors tout n'est pas parfait, mais je ne pense pas me tromper en disant que La fuite en avant est l'un des meilleurs albums de l'année, ne serait-ce que dans le paysage mainstream, et ma note actuelle de 7 a de grandes chances d'augmenter à la réécoute.

PS : Mention spéciale à Skread qui ne cesse de nous régaler !