Ecouter Soy un caballo, c'est un peu comme entrer dans un magasin de porcelaines. Sur la pointe des pieds, en ayant peur de casser quelque chose et rompre ainsi l'harmonie du décor. Plus tard, on comprendra ô combien que le magasin est étendu et propose à qui sait l’entendre toutes les formes du monde. On verra aussi que la musique du duo n'est pas si fragile, comme la célèbre métaphore du roseau qui plie mais ne romps pas. Mais c'est ce premier sentiment qui domine avec cette voix gracile et cette musique "à patte de velours". Soy un caballo, c'est la rencontre d’Aurélie Muller (chanteuse bassiste de Melon Galia) avec Thomas Van Cottom, le batteur de Venus. Pas vraiment des débutants mais à la fraîcheur pourtant intacte. A la croisée des chemins, la musique se veut poétique et réussit à l'être avec des mélodies qui vous tirent vers le haut (Volet), comme une version mythifiée d' « Un Homme et une Femme » (Robin, Au ralenti) ou un sentiment général de paradis perdu. Les instruments acoustiques (guitare, clarinette, xylophone,banjo...) se marient pour le meilleur avec des vieux claviers vintage. On est à la fois dans des années 60 rêvées couleur pastel et dans une universalité mélodique toute en subtilité et délicatesse. On est dans une Belgique luxuriante et en même temps dans une Amérique aride. On est surtout dans un monde connu des seuls Soy un Caballo.. Un peu de Holden, un peu de Mùm, un slowcore à la Idaho parfois...et beaucoup de Soy un caballo. Avec cette particularité, généralement attribuée à la bossa nova, d'être brillant musicalement sans avoir l'air d'y toucher, avec nonchalance et la naïveté du bon élève qui cartonne sans forcer. Jesse Vernon de Morning Star se joint à l'aventure et même Will Oldham s'est laissé séduire, il vient chanter en français sur La chambre). Et le barbu a du goût, c’est connu.