London Calling
7.9
London Calling

Album de The Clash (1979)

On est en 2003. Ou 2004, je sais plus. Par là quoi. J'ai les cheveux jusqu'aux épaules, mais pas encore assez de poil au menton pour me la péter. Je suis enfin sorti de ma période Korn, Slipknot et compagnie. J'ai arrêté le skate aussi, mais ça on s'en tape à la rigueur. Parmi d'autres choses plus ou moins bien, plus ou moins récentes, plus ou moins variées, j'écoute pas mal des groupes comme Rancid, Sublime, ou dans un autre style Mano Negra ou Sergent Garcia. Autant de musiciens qui se réclament de l'influence du Clash, que je ne connais à l'époque que via Rock The Casbah (dont je suis toujours pas fan aujourd'hui) et Should I Stay Or Should I Go (déjà mieux). C'est mon père, à qui je dois pas loin de la moitié de ma culture musicale actuelle, qui m'a prêté un jour London Calling, convaincu que ça devrait me plaire. OK pourquoi pas. Je tente le coup.


Déjà la pochette. Putain de photo débordant de puissance, de rage... Une photo que si tu voulais la mettre en scène, tu pourrais pas. Du coup ça part bien. Petite précision : à l'époque j'étais pas du tout au courant que c'était un pastiche d'une pochette d'Elvis, mais de toute façon ça n'enlève rien à sa puissance.


Je glisse la galette dans mon lecteur CD, et là boum !
Poum poum poum poum pim pim pim pim ! Ça a pris à peu près trois secondes : je suis fan. L'intro de London Calling est une des plus réussies que j'ai pu entendre de toute ma vie. On perd pas de temps, on rentre directement dans le vif du sujet avec ces deux accords aussi simples qu'efficaces, aussi beaux que déterminés. Strummer balance ses paroles aussi rageuses que déprimées avec une sincérité touchante.
À peine tu es remis de premier titre que les salauds remettent ça aussitôt avec Brand New Cadillac, histoire de bien enfoncer le clou. Un peu de répit avec Jimmy Jazz et ses accords dissonants (une de mes préférées de l'album, au cas où ça voudrait dire quelque chose). On part ensuite sur du Diddley beat enjoué et décalé avec Hateful et Rudy Can't Fail...


Enfin je vais pas faire un résumé chanson par chanson : ce serait fastidieux et inutile. Pour décrire cet album, il me vient en tête une citation du grand Jackie B. : "C'est un bordel, mais agréable tu vois." Il y a pas deux chansons qui se ressemblent. Toutes les influences sont brassées : ça va du rockabilly au reggae, en passant par le jazz, le ska et le rythm 'n' blues. Lors d'une réécoute récente, je me suis dit que le Clash devait aussi beaucoup aux Kinks, sur des titres comme Death or Glory ou The Card Cheat.


L'album possède cette fraicheur, cette spontanéité inimitables. T'as vraiment l'impression d'être en studio avec les mecs, affalé dans un vieux canapé défoncé, une bière dans la main un mégot dans l'autre, à les écouter jammer et enregistrer les chansons en direct. Les mecs se posent pas de questions. Ils font ce qu'ils veulent quand ils le veulent. Hop un coup de trompette par ici, hop un coup de clavier par là.
Un truc que j'adore sur cet album, c'est la richesse du son. Il y a toujours en permanence au moins 5 ou 6 pistes, sans jamais que ça devienne lourd, mais au contraire en donnant une impression de vie, comme si l'album était improvisé en direct à chaque nouvelle écoute.


Après leurs deux premiers albums très ancrés dans le punk-rock, les membres du Clash s'aventurent dans un peu tous les genres, ne s'imposant aucune barrière. Et ils réussissent avec brio. Strummer et Jones se complètent parfaitement derrière le micro, et ils laissent même Simonon pousser la chansonnette sur l'excellent reggae Guns Of Brixton.


Oh et puis merde. De toute façon London Calling c'est pas un album dont on parle, c'est pas un album sur lequel on écrit, c'est un album qu'on écoute. Point barre.

Créée

le 6 nov. 2013

Critique lue 2K fois

35 j'aime

7 commentaires

YellowStone

Écrit par

Critique lue 2K fois

35
7

D'autres avis sur London Calling

London Calling
EricDebarnot
10

Revolution Rock

Chaque époque a son groupe phare, combinant la justesse de l'attitude (politique, ou simplement morale) et la parfaite adéquation de la musique avec l'air du temps. La fin des seventies a donc eu The...

le 7 sept. 2022

41 j'aime

6

London Calling
YellowStone
10

Revolution Rock

On est en 2003. Ou 2004, je sais plus. Par là quoi. J'ai les cheveux jusqu'aux épaules, mais pas encore assez de poil au menton pour me la péter. Je suis enfin sorti de ma période Korn, Slipknot et...

le 6 nov. 2013

35 j'aime

7

London Calling
LadyHomrigh
10

Critique de London Calling par LadyHomrigh

Elu meilleur album des années 80 par le New Musical Express alors qu'il sort en 1979. C'est dire. Le visuel interpelle immédiatement. Leur photographe Penny Smith se trouvait dans les coulisses...

le 21 juin 2012

19 j'aime

Du même critique

Watchmen
YellowStone
10

Quelle claque !

Ça faisait longtemps que je l'attendais celle-là ! Il y a peu de temps, je me disais que ça remontait à loin ma dernière claque culturelle. Vous savez, quand on découvre un truc complètement nouveau...

le 9 oct. 2012

75 j'aime

11

Batman contre le Fantôme Masqué
YellowStone
9

En termes de longs-métrages Batman, il y a ça, et il y a le reste.

Nous sommes en 1993. Forts du succès de la série animée Batman, les auteurs de celle-ci se lancent rapidement dans un long-métrage, situé dans le même univers fictif (le fameux DCAU). Ils décident de...

le 19 oct. 2012

71 j'aime

11

14 millions de cris
YellowStone
2

LOL

Juste une bafouille rapide histoire de répéter les autres critiques. On juge ça en tant que film ou en tant que pub ? En tant que film c'est naze. C'est moche bien sûr (le noir et blanc sert à quoi...

le 7 mars 2014

70 j'aime

15