Not this time

Et bien ça. Je dois avouer que je ne m’attendais pas à celle-là. Le choc peut être rude, laisser pantois, agacer, en tout cas, si on est fan de l’ancien travail de Sade (le groupe), on va tout de suite se dire que c’est raté, et passer la main. C’est la première impression que j’a eut à l’écoute. Désarçonné par le revirement à 180°, j’ai  rien compris. Après j’ai laissé l’album là. Ça fait quelques années qu’il traîne dans ma pile de CD. J’ai décidé de le réécouter, ça ne mange pas de pain. Sade n’a pas pu devenir nul comme ça sans prévenir, tout d’un coup. Se serait trop con.

    Ceux qui ne connaissent pas le groupe et sa collection de tubes, vont découvrir un son, et trouver ça lent, et peut-être bon. Le son est toujours impeccable. La fille a une voix chaude et caressante…pourquoi pas ?  Mais ceux qui connaissent le groupe vont faire la moue. Alors j’essaie de comprendre. Marre de faire tout le temps la même chose, ils ont décidés de se faire plaisir. C’est peut-être ça. Et si ça ne se vend pas, tant pis. De toute façon, de l’argent, on en a déjà. Ça doit être ça. Et si ça ne plaît pas, c’est que les gens ont changés, ou plutôt que le goût a évolué. Pas facile de se renouveler. Surtout si on a connu un succès si fort, aussi vite. Un gros risque, baliser en terrain inconnu, pour retrouver la grâce, ou ne pas la retrouver du tout…Lovers Rock, l’album tardif de Sade. La simplicité mélodique, ils l’ont toujours eut. C’est peut-être même une des clefs de leur recette, mais avant, elle faisait mouche en plein cœur. Là c’est diaphane, et les morceaux oubliables.

     C’est assez ensoleillé comme album, comme fait du côté d’une île de la Caraïbe. Mouais...Les vacances, c’est pas toujours le meilleur moment pour créer. On sort ce qui passe par la tête, pas par les tripes. Sade devient subitement pop, presque pop-rock, chaloupé. By Your Side ressemble assez à une ballade classique, qui ne va choquer personne. On adore retrouver cette voix, ce feeling qui embrase le spectre sonore. Le flow n’a pas changé, mais le rythme un peu plus Hip Hop, dans l’air du temps, va surprendre les puristes. Bon, pas bon ? Si on se pose la question, c’est qu’il y a problème. C’est toujours cool tempo, mais beaucoup plus décoratif que d’hab. King Of Sorrow sans surprise. Elle a déjà chantée aussi simple, mais beaucoup plus fort. Je ne leur reproche pas leurs arrangements à l’économie, dans ce style de musique, c’est plutôt une qualité. Ça respire, des riffs de cordes,  par petites touches, une guitare acoustique, un cliché électrique, avec peu de notes, tout ça c’est bon. Mais ces rythmes répétitifs post-funk ne lui conviennent pas à Sade. Ça fait lounge. Elle qui a une voix de crooner féminin, accélérer le tempo, ou le rendre plus saccadé, on y perd beaucoup du charme. Á cause de ce foutu beat, le phrasé de notre chanteuse-vedette devient du storytelling, problème.

   Somebody Already Broke My Heart. All About Our Love. Ils ont beaux vouloir séduire, ces morceaux restent en dedans malgré tout. Slave Song, c’est un dub, avec la basse qui va avec. Morceau squelettique, voire expérimental. Pas abouti. Every Word, morceau pop, avec un je ne sais quoi de jamaïcain dedans. Et puis on n’entend qu’elle. Elle est trop mise en avant au dépend des autres éléments. Au lead vocal, chœurs, voix superposées. Du Adu partout,  et les mélodies ne suivent pas, malheureusement. Et on ne trouve pas la chanson qui tue, le tube absolu, qu’on s’attend à trouver. Lovers Rock nous rappelle l’ancienne Sade, ballade sensuelle qui va donner des regrets. Une histoire d’amour un brin mélancolique, là où elle est le mieux. Mais on l’a un peu perdue en route. Et elle n’est pas sauvée par le groove, ou par la grâce cette fois-ci. Et ses compagnons de jeu, ne semblent pas plus inspirés. Juste des pros qui font leur job. Ses histoires d’amour qui se terminent (mal), ne m’ont pas touchées des masses cette fois-ci. Not this time.