Lust for Life
6.8
Lust for Life

Album de Lana Del Rey (2017)

Lana Del Rey a une carrière musicale des plus intéressantes. La "Nancy Sinatra" gangsta nous a déjà quatre facettes de sa musique lors de ses inégaux mais tous intéressants albums : de la diva hollywoodienne rebelle, électro et hip hop de Born to Die à la désespérée écrasée sous le soleil californien de Honeymoon en passant la langoureuse rêveuse de Ride jusqu'à l'amoureuse torturée et dépressive au prise avec un bad boy d'Ultraviolence. Chaque album était toujours assez brut et plein de rage et sincérité mais toujours imparfait, trop bruyant ou trop ennuyeux, trop commercial ou trop indé...



Out to the black, into the blue



Dans Lust for Life, Lana nous montre qu'elle a beaucoup vécue, beaucoup pleuré, beaucoup criée et qu'elle aspire désormais à s'appliquer à sortir un projet soigné marquant sa reconciliation avec elle même et le monde (5 duos dans l'album). En témoignent, son recul bienvenue sur ses délires autour des violences conjugales de Ultraviolence ou son renouement avec le féminisme qui se manifeste dans dans le l'hymne "Born to Die-esque" God Bless America (and all the woman in it !). La diva hollywoodienne allant jusqu'à adopter un message presque politique dans le perturbant mais à l'image des temps troubles dans lesquels se trouvent les Etats Unis When the World Was at War we Kept Dancing.



Is it the end of an era, is it the end of America ?



De manière génerale, Lana Del Rey semble avoir réussi son pari car elle est parvenue a prendre un virage plus lumineux, en témoignent les duos romantiques Lust for Life, Beautiful People, Beautiful Problems et surtout le très sincère et réussi Tomorrow Never Came, sans oublier le petit bijou david linch-ien Love. Lana finit même en apothéose avec Get Free, ou elle met en scène sa libération pour arriver à la paix intérieur, la chanson est un peu plate mais très touchante et soignée, jusqu'au bruitages d'oiseau qui viennent conclure l'album tout en poésie.



And all my birds of paradise who never got to fly at night



Lana del Rey s'ouvre psychologiquement mais aussi, en moindre mesure, musicalement : clivante pour les fans, Summer Bummer n'en reste pas une très bonne incursion sur le terrain du hip hop.
Tout y est très réussi, de son refrain simple mais efficace, au couplet d'A$ap Rocky en passant par les bruitages (le son est une merveille de mixage) donnant une atmosphère délicieusement étouffante au morceau.
La classique, retro, mais émouvante par sa simplicité ballade piano-voix qu'est Change peut témoigner que Lana Del Rey peut très bien sortir des sentiers battus des mélodies sombre, étouffantes et langoureuses qu'elle utilise en permanence. De manière génerale, pour la première fois dans un de ses albums, les sonorités organiques ont une place de choix.



Change is a powerful thing, people are powerful beings




Mais le dark est toujours aussi bon



Cependant, ce virage est brillemment tempéré par la première partie, plus électronique, plus rebelle, plus Lana qui reste la meilleure dans l'oreille d'un fan comme moi.
Si cette partie de l'album ne réinvente pas la poudre elle nous offre de très bon moments : à l'exception de In my Feelings, tubesque mais un peu trop froide, les autres morceaux sont très réussis.
Cherry, single possible, très Ultraviolence est délicieusement impertinent et réunit tous les ingrédients d'un bon son de Lana Del Rey et White Mustang est un beau morceau de facilité très charmant ou Lana Del Rey se fait plaisir mais nous comble également de romantisme.
Enfin, il faut parler bien sur parler du bijou qu'est 13 Beaches, véritable hymne estival dont une sorte de magie se dégage, notamment dans le refrain calme mais puissant. On est transporté sur les plages de Californie et dans une histoire d'amour torturée mais sublime comme les content si bien Lana Del Rey.



It took 13 beaches to find an empty one



Mais que reprocher à Lust for Life qui, c'est assez rare pour le souligner, ne contient aucun mauvais morceau ? On peut trouver la Lana Del Rey optimiste et romantique de la fin de l'album trop plate et regretter son impertinence qui ne se retrouve presque que dans Cherry, désirer une direction artistique plus puissante...
Mais finalement, Lust for Life reste que la diva avait de mieux à faire pour un quatrième album : c'est une ouverture réussie, aussi bien personnelle que musicale ou on retrouve une Lana Del Rey souriante, bien inspirée et bien entourée. Que demander de plus ?

Milopolis
8
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le 19 août 2017

Critique lue 495 fois

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Milopolis

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