Demy Dandy

Katerine est un cinéphile. N'ayant jamais caché son admiration pour Jacques Demy (allant même jusqu'à prendre son nom d'artiste en hommage à Catherine Deneuve, ou simplement à sa cousine) il avait oscillé dans son précédent album L'Education Anglaise entre la fantaisie parisienne et l'amour coloré de ce dernier, en y mêlant les sentiments troublés d'un Eric Rohmer.

Prenant cette fois-ci un genre musical plus jazzy, empli de percussions travaillées, Mes Mauvaises Fréquentations est un album beaucoup plus accessible que les deux précédents de l'artiste. Auteur, compositeur, Katerine s'assume enfin interprète en chantant les 16 titres de l'album.

L'écriture, perpétuant la piste des sentiments contrastés employée dans ses deux précédents disques, brasse toujours la même noirceur, se dotant cette fois d'un ton plus fataliste. Beaucoup plus axé sur la solitude et le deuil, évoquant l'au delà dans le sublime Les Pays Lointains, Katerine s'affirme comme un dandy poétique, fin et subtil, offrant le tubesque et jazzy Parlez-vous Anglais Monsieur Katerine qui résonne, derrière son ton coloré, comme désespéré (à l'image du très beau Le Jardin botanique et de ce rendez-vous qui n'aura jamais lieu.)

Ainsi, en signant une magnifique orchestration et des textes noires et poétiques, Katerine s'affirme et s'inscrit dans une case dans laquelle il ne s'enfermera jamais, celle de la variété française. Une variété de haute qualité, et un album liant sa passion pour Demy (rappelant évidemment Michel Legrand) tout en cultivant son originalité, en dandy passionné et passionnant à suivre de toute urgence.