Métronomie
7.8
Métronomie

Album de Nino Ferrer (1971)

Beaucoup connaissent le bonhomme avant tout pour sa première période, celle d'amuseur publique, avec nombre de ses titres qui ont passé l'histoire: Mirza, le téléphon, Oh Eh Hein Bon, Les Cornichons, ... La plupart aussi connaissent quelques morceaux qu'il a fait lorsqu'il a essayé de se détacher de cette image de rigolo, particulièrement deux morceaux: Le Sud (1974) et La maison près de la Fontaine (qu'on retrouve ici). Deux morceaux engagés et mélancoliques, qui certes sont de sacré chef d'oeuvre, mais ne résument absolument pas la carrière "post-rigolo" de N. Ferrer. En témoigne cet album, où La Maison Près De La Fontaine est toléré par l'instrumentalisation jazz-rock, et non l'inverse.

Car N. Ferrer est très loin d'être l'image qu'ont en général les gens. Déjà, rien qu'un morceau comme Métronomie en surprendrait plus d'un. Comment ça? Un artiste avant tout connu pour ses paroles, qui nous introduit son album par un morceau quasi entierement instrumentale? Et c'est qu'en plus, cet intro dure près du tiers de l'album, et montre une musique assez loin du jazz gentillet, caractéristique de sa première période, car on est plus à la croisée entre le jazz-rock progressif, et le rhythm and blues. Métronomie marque par son feeling, sa rythmique, et son coté foutoir qui m'a pas mal fait penser à Gong.
S'ensuit les enfants de la patrie, l'autre single de l'album, morceau qui n'a pas vraiment passé l'histoire, et qui pourtant est sympathique (même s'il faut avouer que Nino a fait plus transcendant), mais qui a des paroles plutôt intéressante, et pas mal dans la lignée du Sud, et de la maison près de la fontaine, avec ces phrases ironiques et acides envers notre monde moderne (ici sur la guerre).
Puis Métronomie II reprend, afin de replacer l'ambiance que donnait sa première version, et surtout servir d'intro pour ce qui est pour moi LE morceau de l'album: Cannabis.
Voilà typiquement le genre de morceau que vous devez écouter, si vous ne connaissez pas encore trop Nino Ferrer, afin de vous enlever tout préjugé sur sa personne. Car Cannabis est un grand grand titre, mais est surtout l'un des morceaux les plus junkie de Nino Ferrer. Cannabis, c'est une ambiance, c'est une démonstration de la drogue, c'est une descente en enfer. Cannabis enchaîne les phases euphorique (son refrain gentiment débile), les phases lentes, limites dépressives (les couplets), les pures moments de créativité (les solos), pour finir dans un gloubi boulga difforme, qui d'un coup fait prendre toute son importance aux paroles, et au titre.
Pour directement enchaîner, comme un reveil avec gueule de bois, sur La Maison Près de la fontaine. Pas grand chose à dire sur ce tube national, à part que même si on aurait aimé plus de jazz-rock, je reconnait que j'adore ce titre. Peut-être un peu facile, mais incroyablement juste. Et cette ironie (caractérisé par ces derniers mots "c'est le progrès") fait toujours autant mouche.
Isabelle, morceau un peu débile, même si sympathique dans l'ambiance qu'il propose, un peu à mi chemin entre un Métronomie/Cannabis et ses anciens morceaux rigolos.
Freak sorte de break instrumentale. C'est chouette.
Et pour finir Pour Oublier Qu'on S'est Aimé, un morceau ultra efficace dans son rôle de ballade amoureuse. C'est beau, bien produit, ça se chante bien, et on a envie d'y mettre tout son coeur.


Ce qui est intéressant dans cet album je trouve, c'est qu'il donne l'impression d'être une succession de petit morceau de 2 couplets/2 refrain, enfermé dans un écrin de jazz rock et précédé d'un moment jazz rock de 10 mn. Car si on compte bien, les 32 mn de cette album ont 5 chansons, toutes dont la phase chantés est inférieur à 3 mn, avec à chaque fois des breaks instrumentaux pour terminer, puis introduire le morceaux suivant. Et cette structure fait que l'ensemble est ultra cohérent. Les morceaux les plus "variétés" sont parfaitement bien placés: La maison près de la fontaine après la montée bordélique de Cannabis, et Pour oublier qu'on s'est aimés avec son intro à l'orgue qui ne dépareille pas avec les sons précédents.


Métronomie est donc l'un des meilleurs albums de Nino Ferrer, car il montre avec brio à quel point cet artiste sait se montrer polyvalent mais aussi sait se mettre un peu en retrait pour faire jouer ses musiciens. Nino Ferrer est quelqu'un d'intelligent, de créatif, dont l'image est un peu piégé par ses plus gros succès.
Et Nino Ferrer ce n'est pas que ça. Ce n'est pas ça. C'est tellement mieux.
Houblon-Warrior
8
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le 13 mars 2015

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Houblon-Warrior

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