Une collusion sur le chemin du lobe occipital peut-elle engendrer un biaisé ?


Les prémices du précipice



Un souffle stellaire et minutieux nous emporte et gonfle. Une sorte de rugissement s’étirant d’aise, portant la rage résorbée juste le temps qu’il faut : une fêlure, qui s’étend, se propage et s’insère subrepticement dans ce qui fut lisse et sans relief.


Puis une autre. Par ricochets, des perturbations s’amoncellent et s’additionnent, méthodologiquement, mathématiquement, imperturbables, elles, les perturbations datées et rigolardes.


A force de se voir abîmée, la bulle de verre-son se voit approcher la rupture, qui sera brutale, on le sait. On s’agrippe à quelque chose pour palier au choc avenant, mais en même temps ça nous démange de voir ce qui se passera ensuite, une fois qu’on sera définitivement largué dans cet infini à deux phases, en chœurs et échos correspondant et particuliers.



L’instant où tout se joue



Encore une fois, on retient son souffle : la salive s’accumule, devant notre peur et effroi de l’inconnu.


Le moment est là.


Un bruit blanc se fait plus fort, un battement sans ambages tape, sourd à toute prière, et la bulle éclate. C’est le premier Monolith qui détruit le silence et relâche, de manière rêche, cette condensation, cette électrostatique, qui attire l’attention électrisée, jusque-là frottée et chargée par nappes saturées.


L’astral boursouflé nous est largué dans toute sa démesure : longs fleuves et ceintures d’étoiles et de météores, tâches d’une lumière toujours plus sauvage et vierge, qui me digère tout entier. Ce fourneau cosmique, cet athanor, forgera une alchimie oscillante, tantôt doucereuse et réconfortante de calme, tantôt irrémédiable et effroyable, céruléenne et offrant son lot de traits musicaux filiformes.


On croyait ne pas trouver de sons dans l’espace, c’était sans compter ses ondes enrichies et diamantées de milliers d’éclats, d’astres inflammables, de cimes surmontées par le boréal.



Deuil du tangible



Cela fait maintenant près de 50 minutes qu’on se complait à dériver, porté par ces flots et vents lunaires, perdus. On a appris à passer outre certains affronts, certains bruits. On croit percevoir l’orée d’un sauvetage, venant nous sortir de la torpeur, le dernier écho du Soleil de notre monde savant disparait de notre vue, à l’horizon.


Tandis qu’on se croit mourir à l’abri, resurgit une vague acrylique, au-delà des limites. Souverainement, on est repris par une ribote de vitalité, des accents d’étoile locuste.


Cependant que cette mouture nous perd, que des drones nous lorgnent et des e-bows virevoltent et gargouillent, on apprend alors à méditer notre sort d’auditeur inconnu à l’exploration forcée, happé par ces mélodies qui ne sont déjà plus l’instant d’après, le piano que recouvre un voile texturé et bruyant, des percussions par saccades, lors on se rend compte qu’on est bien loin de la volupté utopique qu’on pensait retrouver. Si les éclats de beauté ne viennent pas à manquer, ils se noient dans une fascinante obstruction naissant du sec, du statique.


Devant nos yeux ébahis naissent des milliers de textures inconnues, impures, façonnés par des têtes dans les nuages qu’on ne rencontrera jamais. Les bruissements denses demandent un surplus de volonté pour y faire face sans flancher.


C’est à la fois torride et acharné, immatériel et évocateur par correspondance, ce n’est qu’abstraitement et maladroitement qu’on viendra y accoler des mots. La volonté d’écrire y est pourtant, et brûle plus que jamais, alors surgit une tentative miséreuse et ruinée par ce trop-plein de sons contemplatifs et saturés, de réverbérations aux univers infinis, que ces effets de trompe-l’œil nous donnent à voir immobiles, car appartenant à ce lointain de galaxie.


Statique, je vous le dis !


Et dire qu’on est condamné encore à 65 jours de ça.

Rainure
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le 10 août 2016

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