En 1981, le trio formé par Lemmy, Fast Eddie Clarke et Phil Philthy Animal était au sommet de sa puissance, faisant surmonter la scène d’un bombardier bardé de spots quand même et les amplis poussés à fond prêts à vous éclater les esgourdes ! Motörhead ou le rock’n’roll comme mode de vie, pas uniquement comme musique avec tout ce qui va d’outrance et de refus de la bien-pensance, sur scène mais aussi en coulisses où les excès étaient nombreux. Cet album a été enregistré à Leeds et Newcastle (la grande majorité du concert) au printemps 81, le groupe venait (enfin) de toucher un succès international avec leur album « Ace of Spades » en 80. Philthy a raconté que malgré leur travail de forçat qui ne s’arrêtait jamais depuis quelques années et le succès même de l’autre côté de l’Atlantique, ils avaient bien du mal à vivre correctement à ce moment-là. Alors, ils tournaient, dans une sorte de course folle et épuisante. Le trio noie le public sous les décibels, j’essaie d’imaginer ce que ça pouvait donner dans les salles, je les ai vus 15 ans après ce live et j’ai eu les oreilles qui ont sifflé pendant une journée !!! Tout est envoyé à 200 à l’heure, on n’est pas là pour faire de jolies improvisations mais pour envoyer missile après missile.
Il ne sert à rien de détailler toute la setlist, juste de préciser que ce concert commence par « Ace of Spades » et s’achève sur « Motörhead », avec au milieu… « Overkill » ! Un trio soudé et irrésistible qui n’a qu’un objectif : ne pas faire de prisonniers !!! Guitare hurlante, basse lance-missiles et batterie marteau-piqueur, l’équipe vous assomme, avec une violence que même leurs albums studio n’avaient pas réussi à atteindre, traduisant en musique une impression d’urgence et de dinguerie voire de folie furieuse, comme un taureau lancé à pleine vitesse dans les rues de Pampelune et bien décidé à embrocher tous ceux et celles qui se trouvent sur son chemin 🤪. Bon, Lemmy avouera ensuite qu’il a dû réenregistrer plusieurs de ses lignes de chant pour que l’effet final soit meilleur. Malheureusement, la qualité approximative des autres enregistrements de la tournée ne permettra pas au groupe de sortir un double album. L’édition deluxe de 2008 (hautement recommandable) compile les titres laissés de côté (dont l’immense "Bite The Bullet/The Chase Is Better Than The Catch") ainsi que des versions foirées des titres joués ici. On peut se dire qu’avec ce live indispensable, cela va sans dire, Motörhead ouvrait la voie au thrash metal, on sait d’ailleurs toute l’admiration que les gars de Metallica et de Slayer vouaient à Lemmy, ça ne doit bien sûr rien au hasard. Juste un dernier conseil : bouclez bien votre ceinture avant de mettre le CD sous peine d’être emporté illico par le souffle dévastateur de la galette ! Les trois musiciens nous ont quittés entre 2015 et 2018, il ne reste donc que ces précieux enregistrements pour se souvenir de ce qu’ils ont apporté au rock. Parmi les nombreux (très bons) live de la discographie de Motörhead, celui-ci arrive en tête sans la moindre hésitation.