La progéniture de l'innomable et de l'indicible

A l’instar de la Floride, les états de New York et du New Jersey furent un véritable vivier de formations extrêmes dès les balbutiements du style. On comptait notamment parmi les combos qui sortaient du lot à la fin des années 80 Ripping Corpse (premier groupe d’Erik Rutan et Shaune Kelly) et Revenant, qui pratiquaient un death/thrash assez virulent.
C’est suite au remaniement du line-up de ce dernier en août 1989 que John McEntee décide de fonder son propre groupe, Incantation.

McEntee s’associe tout d’abord au vocaliste/batteur Paul Ledney, qui ne reste au final que quelques mois, le temps d’enregistrer la fameuse démo qui a fait l’objet d’une édition vinyle en 2013 (accompagnant l’art book de Thorncross). Ledney décide de continuer dans une voie plus black metal avec ses deux projets principaux que sont Profanatica puis Havohej.
C’est alors le musculeux Will Rahmer de Mortician qui prend le poste de vocaliste pour l’enregistrement du premier EP en août 1990, Entrantment Of Evil, culte en partie à cause de la fameuse couverture de Thorncross.
Pour le second EP, Craig Pillard remplace Rahmer et Incantation signe chez Relapse.

Six morceaux sont réunis et enregistrés fin 1991 pour former un split avec un autre groupe de l’écurie Relapse à ce moment-là, Amorphis ; split qui ne verra jamais le jour, Amorphis ayant sorti sa partie en 1993, Privilege Of Evil, et Incantation la sienne en… 2008, sous le nom de Blasphemous Cremation, considéré comme la pré-production du premier album.

Premier album qui est enregistré entre septembre et novembre 1991 au studio Trax East Studio avec Steve Evetts qui avait déjà travaillé sur les deux EP.
Malgré la sortie relativement tardive de ce premier album, Incantation confirme tout le bien qu’on pensait d’eux et la réputation qu’ils avaient acquise grâce à leurs précédentes sorties : à l’instar des Dawn Of Possession (Immolation) et Effigy Of The Forgotten (Suffocation) qui avaient tous deux proposé quelque chose d’inédit dans la sphère extrême en 1991, Incantation marqua à jamais l’histoire du Death Metal avec Onward To Golgotha ; un concentré de noirceur blasphématoire d’un niveau qui n’a plus jamais été atteint depuis.
Combinaison d’éléments simples mais d’une efficacité à toute épreuve, entre riffs vicieux ponctués d’harmoniques et bends et assise rythmique lourde au possible même sur les accélérations, la musique accompagne idéalement le guttural d’une profondeur insondable Craig Pillard, frontman emblématique de la formation. La synergie opère à merveille sur l’ensemble des onze morceaux très homogènes mais néanmoins identifiables, à l’image des imparables Golgotha, Blasphemous Cremation et Rotting Spiritual Embodiment.
Incantation alterne avec brio les passages rapides blastés et les parties doom, constituant une identité sonore immédiatement identifiable pour une recette qu’ils n’ont pas réellement modifiée à ce jour, qui fut maintes fois copiée mais jamais égalée.

Parmi les nombreux groupes qui sont nés à cette même période fin 80-début 90, Incantation fait indéniablement partie des plus influents.
Dense, homogène et d'une obscurité sans précédent, Onward to Golgotha s'impose comme un classique du Death Metal, un véritable canon pour des générations à venir.


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