"Moribund the Burgmeister" ouvre de façon magistrale et étrange la nouvelle incarnation de Peter Gabriel sans Genesis. Ouf ! Un morceau d'entrée bizarre, il annonce la couleur.
Alors évidemment, c'est un album qui prend le contre-pied, mais aussi qui suit l'homme du moment, David Bowie, la direction qu'il impulse dans ses albums. Et on l'entend clairement avec "Modern Love"
"Solsbury hill" est l'immédiat classique, frais, avec une structure rythmique en 7 temps, malin. et intelligemment cela ne s'entend pas.
C'est un album quand même produit par Bob Ezrin, monsieur Alice Cooper, "Berlin" Lou Reed, et "The wall" Pink Floyd. Donc pas un manchot. Il est dit que Ezrin va co-produire l'album, lui s'occupant de "la section rythmique américaine", et Gab plus des "trucs Européens", les bizarreries.
Il invite sur son album Robert Fripp et Tony Levin, ce qui est virtuellement et techniquement King Crimson. Marrant, non ? C'est marrant aussi de réaliser qu'ils ont tous les deux tourné avec Gab pour la promotion de cet album, un truc que je rêverais de voir.
"Excuse me" est un morceau très drôle, un peu dans l'humeur d'un Beatles déconnant.
"Humdrum" est le titre le plus émouvant de l'album, encore plus déchirant sur "Plays live", j'en chialais quand j'avais à peine 12-13 ans.
"Slowburn" reprend son pli à la Bowie. Je crois que Gab voulait renouer avec le rock
"Waiting for the big one" est un blues à la con, je crois même que Genesis s'est moqué de cette volonté de trop se démarquer de Genesis. C'est un titre où je me force un peu à écouter poliment aussi.
"Down the Dolce Vita" est une pièce dynamique orchestrale, avec une section rythmique à double guitares donnant cet effet télescopé cher à Fripp. C'est peut-être le titre le plus prog de l'album.
"Here comes the flood" est le second morceau émouvant de Gab. J'étais très fan jeune, maintenant moins. Gab lui-même déclare que ce titre est surproduit. D'ailleurs, on aura droit à une version plus allégée dans la compile "Shaking the tree"
C'est un album assez satisfaisant pour un premier, mais c'est aussi un album plus "commun", dans l'air du temps, David Bowie en tête. Mais il y a des pièces très originales, "Solsbury hill", "Excuse me", "Moribund the Burgmeister", "Humdrum", et on sait que Peter Gab va aller chercher dans cette direction. Il avait déjà les clés, mais peut-être qu'il n'était pas encore assez sûr de lui. Pour moi, c'est un album marrant à écouter, mais pas complètement satisfaisant.