En un seul album, From Here To There , les Belges de Girls in Hawaii sont devenus une valeur sure du rock belge et même d’au delà avec pas moins de 25.000 copies vendues chez nous. Plan your escape, produit avec jean Lamoot (Noir désir, Alain Bashung) est donc l’album de tous les défis, celui de faire mieux que le premier aussi bien commercialement qu’artistiquement. Sur le premier point, c’est bien parti, le groupe partant sur les chapeaux de roue dans les classements. Artistiquement, ce deuxième est en tout point à la hauteur des 4 ans d’attente. Girls in Hawaii affirme une personnalité multiple, décelable sur chaque morceau et encore plus sur un album entier à la fois protéiforme et cohérent. Le groupe peut passer d’une joyeuseté Beach Boys-ienne (Sun of the sons) à un titre folk mélancolique à souhait (Shades of time). Même si avec GiH, rien n’est jamais binaire : le groupe aime les humeurs mêlées, les sentiments qui se confondent et on sent poindre une amertume dans le premier et trouver le second réconfortant comme un bon café devant un feu. Il faut dire qu’à six, il y a toujours un musicien et un instrument pour jouer les contrepoints :


un clavier qui a des états d’âme, une batterie qui affirme sa force dans un moment de douceur paresseuse. Les instruments arrivent là où ne les attend pas, comme un accordéon et un cymbalum donnant un esprit un peu tzigane à une pop ourlée (Fields of gold). La palette instrumentale est riche et le groupe a fait fondre dans son creuset les influences américaines, anglaises, belges (dEUS forcément mais sans excès) et autres, sans se réclamer plus de l’un ou de l’autre. Les bases pop étaient déjà mélodiquement solides mais l’envie de prendre quelques petits risques à tirer encore plus le sextet vers le haut. Girls in Hawaii est un groupe essentiel car il reste toujours accessible tout en affirmant une exigence de chaque instant (presque, le défouloir festif de Grasshopper n’est pas des plus indispensables). This farm will end up in Fire peut donc apparaître comme un single efficace mais à y regarder de plus près, cela n’avait rien d’évident. Moderne, sixties, bucolique, pastoral, psyché, accrocheur, mélancolique, revigorant. Girls in hawaii est tout ça à la fois et même plus.

denizor
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le 31 août 2015

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