Oubliez le Alice Cooper roi du hard rock grand-guignolesque si vous écoutez ce 1er album de Vincent Furnier et ses potes. Un groupe où il est accompagné par les guitaristes Glen Buxton et Michael Bruce, le bassiste Dennis Dunaway et le batteur Neal Smith et qui en 1964 jouait des reprises des Beatles. Après différents essais, ils optent pour le nom « Alice Cooper », qui serait d’après Vincent, le nom d’une petite fille aux pulsions morbides et perverses…C’est Frank Zappa, intéressé par ce qu’il a vu sur scène, qui décide de produire leur 1er album, ce « Pretties for you » dont il choisira même la pochette car…il a paumé celle que souhaitait Vincent ! A l’écoute de l’album, le leader a été à juste titre dégoûté et il n’a pas été le seul. On est en plein rock psychédélique, sous forte influence british, on peut penser aux Who, Kinks, Yardbirds (période Jeff Beck) et aux Beatles sous LSD. Tout ça tâtonne, le groupe ne sait pas où aller, il n’y a pas de fil directeur et je ne suis pas sûr que Zappa ait été d’une grande aide tant la production reste rudimentaire, brouillonne, le son médiocre.
On est loin de l’univers provocateur, brutal et 2nd degré qui sera la marque de fabrique de Vincent. « Today Mueller», « Apple Bush » ou encore « Levity Ball » usent et abusent d’artifices psychédéliques (échos à profusion, guitares saturées…) d’où une lassitude rapide pour un album qui ne dure pourtant qu’un peu plus d’une demi-heure. Si on doit sauver un morceau, ce sera pour moi « Reflected », qui, bien qu’imparfait, est une ébauche de ce que deviendra Alice Cooper dès « Love it to death » : du rock théâtral et macabre plus rentre-dedans et sans relent psychédélique. Voilà, pour un 1er essai, c’est loupé, un drôle de mélange qui ne passe pas, même l’intéressé le reconnaîtra et l’album a été un lourd échec commercial, descendu en flèche par Lester Bangs lui-même, disant que « la musique d’Alice Cooper est totalement dispensable »…Le groupe ne fera pas mieux avec le suivant, « Easy Action », mais il a appris de ses échecs.