On peut préférer des approches plus risquées (la sophistication harmonique de leurs compatriotes Sondre Lerche, Thomas Dybdahl ou Ai Phoenix, le folk écorché de Micah P. Hinson ou des Two Gallants), mais les amateurs de songwriting à la fois simple et raffiné seront ici à bonne adresse. Sur Reasons to Hang around, la musique de Minor Majority atteint une limpidité et une fluidité saisissantes, comme du Tindersticks joué un soir d'été sur la terrasse, avec un Mark Knopfler interdit de frime à la guitare. Rarement regrets et mélancolie n'avaient été aussi accueillants.(Inrocks)


En matière d'honnêteté musicale, on en revient encore et toujours à trois accords et la vérité, c'est-à-dire souvent une voix bien sentie sur une guitare qui vous noue les tripes. Raison de plus, dès lors, de dire du bien de Minor Majority, Norvégiens country menés par Pal Angelskar, dont le chant, doux, profond et gentiment désabusé donne corps à treize ballades d'un groupe très aimé dans son pays et dont c'est le quatrième opus. Dans la veine choisie, Minor Majority excelle surtout dans le dépouillement (Wish You'd Hold That Smile et cette phrase "We don't need more time/We need to use it right"). En revanche, force est de constater que les arrangements du producteur Andreas Berczelly, quand ils prennent le dessus, peuvent autant ruiner une chanson en lui donnant une patine formatée (Come Back To Me, As Good As It Gets ou Supergirl), que lui offrir de l'ampleur (There Will Come Another, dylanien, Alison et son banjo imparable, You Were Saying et ses airs de Crazy Horse). À tout prendre, Reasons To Hang Around est un disque parfois inégal, mais d'une vraie subtilité, si bien qu'on évoque souvent Tindersticks à leur endroit (Let The Night Begin), ce qui ne manquera pas d'attirer l'oreille de quelques curieux de par chez nous.(Magic)
Etant donné la fréquence des récentes offensives viking (2001, premier album des Kings of Convenience ; 2004, "Up for U and I" de Minor Majority) la folk norvégienne ne nous apparaît plus comme étrangère. On n'est donc pas en terrain inconnu lorsque l'on découvre "Reasons to Hang Around", qui trouve assez naturellement sa place au sein de ce paysage.Ce n'est pas parce qu'il apparaît d'emblée comme familier que "Reasons to Hang Around" manque de singularité ou de personnalité. Se détache avant tout la voix bien caractéristique de Pål Angelskår, toujours aussi posée, profonde et chaleureuse. Celle-ci nous chante avec une certaine gravité la désillusion, l'amertume. On a l'impression d'un monde qui se délite, monde dont on ne peut que constater sagement, avec distance, la perte. On a bien quelques chansons entraînantes, avec de temps à autre une touche d'humour, comme dans "Alison", où les accompagnements à l'harmonica et au banjo laisseraient presque croire que l'on a délaissé les fjords pour s'installer dans un décor de western. Mais l'impression qui domine est celle d'une mélancolie et d'une lassitude généralisées. Ces sentiments s'installent tout en douceur, avec une remarquable sobriété : la légèreté des mélodies, l'allure de ballade propre à la plupart des morceaux contrebalancent la profondeur de la voix du chanteur de sorte que ce qui se dessine, c'est une impression d'émotion contenue. On ne tombe jamais dans la complaisance, puisque nos Norvégiens prennent bien soin d'éviter toute forme d'effusion sentimentale ; ils se contentent de constats sobres, qui nous atteignent d'autant plus que l'on sent bien ce qu'ils dissimulent. Pourtant, malgré cette formule plutôt convaincante à la première vue, on est assez rapidement envahi par un sentiment de lassitude. On a l'impression que "Reasons to Hang Around" s'épuise à l'écoute. La proportion de chansons structurées selon la formule couplet/refrain/couplet donne à l'album une allure assez répétitive, qui tend à dissimuler la présence de morceaux incontestablement touchants, tels que "The Long Way home", ou encore "What You Do to Me". On se dit que ces chansons à la forme assez classique gagnent sans doute toute leur force en concert, mais deviennent trop vite lassantes à la simple écoute du disque. Par ailleurs, l'absence de variété des accords alimente ce sentiment de monotonie : on reste souvent dans la même tonalité, adaptée pour chanter la déception, mais lassante à l'écoute. A consommer avec modération donc, parce que le sentiment de satiété arrive assez vite, malgré la beauté indubitable de certains morceaux.(Popnews)
bisca
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le 5 avr. 2022

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