Une mécanique bien huilée, mais sans véritable étincelle

Avec Right Thoughts, Right Words, Right Action, Franz Ferdinand revient en 2013 après quatre années d’absence. Le groupe écossais retrouve ses marques, mais livre un album qui, s’il témoigne d’une maîtrise certaine, manque parfois d’aspérité, de surprise, et surtout d’audace.


Dès l’ouverture, le morceau-titre donne le ton : efficace, bien produit, entraînant. Franz Ferdinand sait toujours créer des hymnes dansants, et il le prouve aussi sur Love Illumination, qui combine groove funky et refrains fédérateurs. La production est nette, les arrangements sont précis, et on reconnaît dès les premières mesures leur signature sonore. Pourtant, très vite, une impression de redondance s’installe.


C’est dans le cœur de l’album que les limites apparaissent avec le plus de netteté. Des titres comme Stand on the Horizon, Fresh Strawberries ou Treason! Animals. révèlent un essoufflement créatif difficile à ignorer. Ces morceaux peinent à trouver une réelle identité : ils semblent flotter dans un entre-deux, ni assez audacieux pour bousculer l’auditeur, ni assez percutants pour rester en tête. La tension rythmique faiblit, les mélodies deviennent plus convenues, et les structures trop linéaires laissent peu de place à la surprise. C’est là que l’on mesure la différence entre un album agréable et un album marquant : Right Thoughts, Right Words, Right Action reste coincé dans la première catégorie.


Ce qui déçoit, ce n’est pas tant la qualité d’exécution – irréprochable sur le plan technique – mais plutôt l’impression que le groupe joue la sécurité. Loin de l’énergie brute de leurs débuts, on assiste ici à une forme de lissage, presque de neutralité artistique. On aurait aimé voir Franz Ferdinand prendre plus de risques, expérimenter, oser sortir de son esthétique bien rodée.


Cela dit, tout n’est pas à jeter. Bullet et Goodbye Lovers & Friends ramènent une certaine tension bienvenue en fin d’album, presque comme un sursaut. Le groupe montre qu’il peut encore surprendre, mais ce réveil arrive un peu tard pour sauver l’ensemble de la fadeur qui le menace.


Ma note de 7,5/10 reflète cette dualité : un album loin d’être raté, mais frustrant dans ses ambitions. On y entend le talent, l’élégance, et le professionnalisme – mais trop rarement la passion, l’urgence ou la prise de risque. Pour un groupe comme Franz Ferdinand, c’est un peu juste.

CriticMaster
7
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le 17 avr. 2025

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