Welcome to the real world

Le titre est tiré d'un album de Hank Mobley de 1963 intitulé No Room for Squares, et le changement est révélateur. John Mayer, âgé de 23 ans, est bien trop modeste pour partager l'exclusivité de Mobley. En effet, Room for Squares, le premier grand label de Mayer (il a sorti un album acoustique solo, Inside Wants Out, sur son propre label en 1999), est immédiatement sympathique et accessible. Mais il n'en est pas moins intelligent et touchant pour autant. Ces treize chansons sont un voyage de découverte - de l'amour, de l'identité et du but.

Elles peuvent être la chronique de ce que Mayer appelle ironiquement une "crise de quart de vie", mais elles misent sur l'énergie plutôt que l'angoisse, l'émerveillement plutôt que la douleur. Les arrangements, qui rappellent la pop habile d'Elvis Costello et des Police, sont construits autour de la guitare de Mayer, mais utilisent librement une section rythmique et des claviers. Son chant, quant à lui, rappelle David Gray et Dave Matthews (avec qui il partage le producteur John Alagia). Sur "Why Georgia", qui, comme tant de chansons de Room for Squares, s'élève en un refrain mélodique que vous n'oublierez pas de sitôt, Mayer demande : "Je m'interroge parfois sur l'issue d'une vie toujours sans verdict/ Est-ce que je la vis bien ?". Il n'a pas à s'inquiéter.

Au vu de cet album irrésistible, le verdict sur Mayer est déjà tombé.