Peut être un jour...

Parfois, il s'agit d'une voix. Une odeur particulière qui me rappelle ta présence lorsque j'étais petit bonhomme. Une manière qu'a quelqu'un de s'exprimer et qui ressemble à ce que tu faisais lors de soupers, visites ou durant l'enfance. Mais ce ne sont que des brefs instants qui me ramène à l'ordre en un éclair. Tu n'es plus là et cette absence demeure le plus grand vide que l'on puisse ressentir. Ça vous arrache un morceau de coeur pour le reste d'une vie et il n'existe aucun bandage pour réparer la fissure. Et on aura beau désinfecter la plaie à l'alcool, jamais on n'en guérit réellement...

Je crois que ton départ a créé une désorientation globale de toutes mes valeurs précédemment inscrites au fond de mon cœur. Une sensation ressemblant à une belle journée d'été qui, en un instant, se couvre de couleurs sombres pour faire place à l'orage. Puis, après l'épisode, tout redevient exactement pareil. Sauf pour ta présence. Durant l'épisode, tu as emprunter le chemin de l'arc en ciel et tu as disparu. Si on avait pu me prévenir, j'aurais au moins regarder dans cette direction. Pour un dernier au revoir. Le destin en a décidé autrement et m'a laissé planté là, au milieu du déluge. Slipknot à d'ailleurs écrit une phrase qui représente adéquatement le sentiment que je vis depuis ce temps : " you've killed the saint in me ". Sans être devenu psychopathe ou tueur en série, une rage intense à prit naissance face à l'existence. Et surtout aux idées préconçues concernant le ciel et le Dieu qui l'habite...

Tout petit, on nous inculquait pratiquement de force l'idée qu'après la mort, les bons iraient au paradis et la vermine, les merdes se dirigeraient vers l'enfer. Avec le temps, le doute s'est installé si l'on se fie à la justice terrestre. Un enfant meurt ici, une population est massacré là-bas et malgré l'horreur que suppose ces actions, nombreux sont les impunis. Il serait tentant d' espérer la fin du parcours comme une histoire de Bernard Werber ( l'empire des anges). Toutefois, le pessimisme face à la religion à prit le dessus sur l'idée d'un nuage qui nous attend. À force de prêtres qui saccagent la vie de nombreux enfants, plus personne ne sait à quel saint ( !) se vouer. Le résultat se fait sentir par de plus en plus d' athées qui, eux, croient qu'après la vie, on devient plutôt du compost pour une génération de plantes diverses qui naîtront de nos fibres. Or, on ne sait pas et on n'a jamais réellement su ce qui nous attend après...

En ce qui me concerne, je me plais à croire que le portrait ressemblera à une peinture. Une fresque immense du type jeu en monde ouvert. Construit de nos images les plus significatives en tant que vivant, un rêve éveillé éternel où l'on peut interagir avec nos proches disparus, s'assoyant sur un banc pour discuter un peu et possiblement te prendre dans mes bras. Ce que je n'ai pas pu faire d'ailleurs avant ton voyage sur l'arc en ciel. Il m'arrive souvent de regarder en haut afin d'avoir un petit signe de ta part. Malheureusement, je repars bredouille dans mes chimères et retourne à mes fantasmagories de toutes sortes pour essayer de t'oublier. Ce qui n'arrivera probablement jamais vu ton rôle immense dans la vie d'un enfant. Il devrait y avoir des droits de visite pour les défunts. Car c'est le " plus jamais" qui effraie le plus dans toute cette tragicomedie ...

Voilà ce que nous propose Ozzy ( RIP) avec cette pièce. Un message lancé à l'autre, de l'autre côté et à qui on promet de le/la visiter quand le temps sera venu. On ne peut passer à côté de l'aspect plaintif de l'œuvre comme un appel désespéré à la chance qu'effectivement il puisse revoir la personne. On ressent le doute qui plane comme évoqué précédemment ne sachant pas si ce sera possible réellement. La lourdeur de la musique apporte de la gravité au contenu qui, justement, impose une ambiance à consonance ténébreuse, presque fantomatique, à la limite du surnaturel. Ozzy, ce n'était pas que du métal démoniaque. C'était aussi une sensibilité musicale de référence ( Mama im coming home, dreamer...).

Quoiqu'il en soit, il me tarde de te revoir hors des doutes que le terrestre implique pour les vivants. Il y a des jours sans où j'irais te rejoindre sans hésiter et certains jours avec qui me disent de rester pour les miens ici bas. Je crois toujours que nous pourrons nous retrouver le temps d'un câlin, d'un café, d'une éternité à travers une toile dessinée par nos plus beaux souvenirs. J'aurai aussi une discussion avec le chef de toute cette comédie. En lui demandant pourquoi la mort est aléatoire et non basée sur le mérite. Il y a tellement de merde autour que le choix serait pourtant facile si la faucheuse à besoin d'une victime. Ce coup de dé m'apparaît si injuste considérant le caractère hâtif de ton départ. J'aurais même des noms à suggérer s'il en faut. Malheureusement, je n'ai pas ce contrôle et j'ai du conjuguer avec un vide immense qui ne pourra jamais être comblé. Pas quand il s'agit de notre propre mère. Allez. Je t'aime. On se revoit bientôt...

De l'autre côté.

Ton fils.