Si Serpentine Gallery est visiblement facile à première écoute, il dévoile tranquillement une richesse d’ambiances qui surprend. On passe d’atmosphères deathrock (Bad Trash, Doll House) à des ambiances plus étranges (Dissolve, Clown) à des compos mélancoliques (Cocoon). Les filles, Tina Root et Susan Wallace, se permettent même une touche de soft rock sur Sweet qui progresse vers quelque chose de plus sombre et lourd tout en restant dans cette mélancolie. De surcroît, la voix de Tina me rappelle parfois celle d’Elizabeth Frazer, chanteuse des Cocteau Twins et honnêtement, ce fait n’est qu’un plus.
Des styles musicaux et des sous-genres, plus il y en a et plus il est difficile de qualifier avec précision du style d’un album avec autant d’ambiances. Alors je vous laisserai vous faire votre propre opinion sur le genre de cette pépite plutôt inconnue. Est-ce coldwave, darkwave, etheral, électrogoth ? À vous de choisir. Or, quelque soit l’appellation du sous-genre relié au style goth que vous donnerez à La symphonie des couteaux à cran d’arrêt, vous ne serez guère dans l’erreur. Et c’est là le génie du groupe ; avoir réussi à sortir un album aussi simple dans sa composition mais tout aussi hétéroclite dans ses ambiances sans que le tout en soit déroutant.
En passant, une petite surprise nous attend à la neuvième track ; l'inquietante Gutter Glitter est une version complètement creepy du My Fair Lady (parfois appelé London Bridge is Falling Down), une compos britannique pour enfants qui remonte au XVIIIe siècle.
Alors la plupart du temps downtempo, souvent éthéré ou électronique mais toujours complètement gothique, Serpentine Gallery est le charmant cauchemar que vous attendiez depuis longtemps… même s’il est sorti en 1995 ! C’est que, dû au bouleversement musical des années 90, vous aviez passé complètement à côté. Non ?