Oui, Estelle fait de la musique pour les chaines de clip.
Oui, les histoires qu'elle raconte ont déjà été entendues 1000 fois.
Oui, elle a fait appel à des gens de renom à la production et aux featurings.
Pourtant, Estelle n'est pas juste une brailleuse de R'n'B de plus. Pour ceux qui oseront écouter un peu cet album pour s'en convaincre, ils verront bien qu'elle n'a pas besoin d'avoir recours à des trémolos à n'en plus finir, ni à un autotune si répandu. Au contraire, elle chante de façon simple, tellement dépouillée qu'elle se retrouve parfois à mi-chemin entre le spoken word et le rap, avec des intonations et des accents toniques sautillants et entraînants.
En plus, elle se produit sur des instrumentaux, certes calibrés pour les passages radios ou les soirées DJ, mais pas pour autant creux ou surproduits. D'autant que les styles sont variés, allant du titre singeant presque du Gnarls Barkley à du reggae urbain qui passe plutôt bien, en passant par du hip hop, avec une bonne touche funky pour unifier le tout.
C'est sûr que si on cherche la créativité pure, un talent de défricheur hors norme, un album qui révolutionne la musique, on peut passer son chemin. Par contre, pour ceux qui cherchent un album rythmé et léger, pour lancer une soirée avec un ou deux titres connus de tous, sans réelle fausse note, sans mauvaise surprise, ils auraient tort de ne pas se pencher sur ce deuxième album d'Estelle.