Trois ans avant, la décennie des années 80 se terminait et Depeche Mode obtenait son plus gros succès discographique avec Violator, ce qui concluait une période décennale non sans risque d'y enclaver, les années suivantes, le groupe de Basildon dans le club des grands désuets glissant progressivement du sommet. Que nenni !
Oh surprise, en 1993, arrive Songs Of Faith And Devotion qui marque une brusque évolution musicale dans le groupe sans pour autant altérer l'empreinte sonore toujours reconnaissable. Et oh surprise, pour beaucoup, Dave Gahan apparaît avec les cheveux longs et la barbe, façon Jésus mais attitude rock star, dans le clip du chaud bouillant "I Feel You", premier extrait et premier titre qui ouvre ce huitième album, le plus rock de Depeche Mode à ce jour.
Il se dégage quelque chose de mystique, de plus charnel aussi. D'intense plus que d'habitude. C'est certainement, dans le dernier cas, dû aux guitares plus présentes, en plus d'une batterie venue s'ajouter au son habituellement plus synthétique venant des machines. Comparé aux albums précédents, aucun moment pompeux n'est à signaler ici. Les atmosphères sont crépusculaires, en plus accentuées, à l'écoute de "Walking In My Shoes", le lancinant "Judas" ou encore "In Your Room". C'est très rock par moment dès que passent "Mercy In You", "Get Right With Me" avec ses chœurs gospel et surtout "Rush". "One Caress", chanté par Martin Gore avec son timbre vocal que l'on pourrait confondre avec celui de Dave Gahan sans faire attention, offre la petite douceur avant que "Higher Love" emmène loin, haut, terminant le disque à la fois émouvant et sombre.
1993 a vu sortir de bons albums tels que In Utero, As Happy As Possible, Last Splash, Vs, Zooropa, ... de qui je laisse deviner pour les connaisseurs. Et Songs Of Faith And Devotion fait partie du lot.