Avec “Strangeland”, Keane signe un album sincère mais peu audacieux, à mi-chemin entre nostalgie maîtrisée et manque de renouveau.
Trois ans après Perfect Symmetry, Keane revient en 2012 avec Strangeland, un album qui revendique un retour à une écriture plus directe, plus émotionnelle. Un virage qui semble vouloir renouer avec les débuts du groupe, mais qui laisse paradoxalement un goût d’inachevé.
Dès les premières écoutes, on reconnaît la patte Keane : mélodies aériennes, piano omniprésent, voix limpide de Tom Chaplin. Des morceaux comme Silenced by the Night ou Disconnected portent indéniablement la signature du groupe, avec ce mélange d’élan mélodique et de mélancolie douce qui a séduit leur public depuis Hopes and Fears.
Mais cette fidélité au style maison s’accompagne ici d’un certain manque d’aspérité. La production est propre, trop propre même. Le son est poli, chaque titre calibré, parfois au point d’en devenir prévisible. L’album donne ainsi une impression de confort — agréable, certes — mais sans surprise.
Les paroles, souvent introspectives, abordent des thèmes familiers : l’amour, la perte, le doute, la quête de sens. Pourtant, là où Keane savait autrefois toucher juste avec des formules simples et poignantes, les textes de Strangeland peinent à susciter une émotion durable. Trop sages, trop linéaires, ils manquent de cette fulgurance qui pourrait élever l’album au-delà de sa base mélodique solide.
Si l’on perçoit une volonté de retrouver l’essence du groupe, Strangeland semble également freiné par une certaine frilosité artistique. Là où on aurait pu espérer une évolution, une exploration sonore ou narrative, l’album s’installe dans une zone de confort qui finit par l’affadir. Il rassure les fidèles, mais risque de ne pas convaincre au-delà.
En somme, Strangeland est un disque sincère, bien réalisé, porté par des musiciens talentueux. Mais il manque d’élan, d’ambition, de cette étincelle qui transforme une bonne chanson en moment marquant. Avec une note de 5.5/10, il ne s’agit pas d’un échec, mais d’un disque qui passe sans réellement marquer. Un retour, oui — mais sans éclat.