Trouver une version de référence à la deuxième de Mahler revient à chercher une aiguille dans du fouin. C'est une symphonie sur enregistré et malheureusement bien des versions sont à jeter aux oubliettes. Cependant ici le chef russe donne une interprétation en live remarquable avec un orchestre dont on ne s'attend pas à exceller sur du Mahler. Pourtant dès le première mouvement nous sommes pris aux cou par des cordes affutés et brutales, cette marche funèbre nous fait passer de l'ombre à la lumière en une fraction de seconde, Mahler n'a jamais autant été le compositeur du conflit intérieur qu'ici. Le deuxième mouvement nous entraine dans ce monde bucolique remplit de nostalgie nous sommes sur un nuage. Grinçant, ricanant: C'est bien le scherzo qui commence avec ces deux coups de timbales, cette danse nous porte dans ce délicieux voyage intérieur de Mahler, les vents de l'orchestre de Londres sont ronds et donnent à ce scherzo toute cette ironie que l'on attend chez Mahler. Nous sommes dans un rêve dans le V ème mouvements, les tableaux défilent et l'orchestre nous porte dans cet étrange finale où le temps semble s'arrêter à certains moments. L'orchestre est limpide et planant mais jamais statique, le duo flute/piccolo est d'une douceur sans nom, les musiciens dans les coulisses sonnent l'arriver de la résurrection qu'on attend en tremblant. Enfin le chœur du philharmonique du Londres fait résonner les harmoniques comme rarement on ne les entendu, c'est éthérique. Seul bémol, à la mesure 696 du V, le piu mosso est trop appuyé et le tempo devient trop rapide ce qui laisse moins entendre le passage en 2/2 plus loin.