The Fame
5.6
The Fame

Album de Lady Gaga (2008)

Lady Gaga, c'est comme un resto chinois...

... c'est copieux et varié, mais bonjour l'indigestion.
Lady Gaga poursuivait son ascension fulgurante avec un nouvel album, même si moi je préfère parler de réédition de The Fame. D'abord parce que l'un et l'autre semble se compléter, et surtout parce que chaque titre s'écoute individuellement mais ne forment pas un tout cohérent. C'est plus une suite de singles plutôt qu'un véritable album, bien que l'artiste ait réussi à relier le tout à travers une imagerie gothique et un univers dark totalement assumé. Tout ça sublimé par une belle critique de la célébrité, chaque titre pouvant s'interpréter comme une histoire d'amour entre elle et un homme mais aussi et surtout entre elle et la gloire, celle qu'elle a pourtant tant voulu.
Ce qui fait la force de cette artiste, c'est qu'elle distille les genres, elle refuse de se cantonner au registre pop pur et n'hésite pas à y incorporer des sonorités rétros et gothiques.
Ainsi, The Fame Monster se veut plus acerbe, incisif, moins clinquant mais pourtant toujours aussi tape à l'oeil que le premier. Les titres se suivent et ne se ressemblent pas, donnant un gros bordel dans lequel tout le monde est sensé y trouver à boire et à manger. Et ce fût réussi. Lady Gaga a été l'une des rares artistes à avoir une communauté de fans aussi varié (même ma grand-mère en parlait).
The Fame Monster s'ouvre ainsi avec Bad romance, seul titre de Lady Gaga aux paroles assez recherchées selon moi. Évitant le cliché irritant des mièvreries sentimentales, elle verse dans la romance gothique et ça lui va bien. Les percussions sont basiques mais plus sourdes qu'à l'accoutumé, on sent une grosse influence des 80's avec de nombreux effets GameBoy, berçant avec la Noise pop, style assez ungerground. Le tout est toutefois rehaussé par de nombreux effets spéciaux, histoire de combler le manque de mélodie flagrant. La chanson est aussi adoucie par un refrain très pop.
Arrive Alejandro, titre à l'opposé du premier, plus chaleureux, avec des sonorités "imitations latino". C'est hyper caricatural, elle en rajoute des caisses en répétant encore et encore Ale-Ale-Alejandro, comme une incantation, histoire d'endormir l'auditeur face à ce vide musical intersidéral.

Vient ensuite Monster, le titre qui avait selon moi le plus de potentiel commercialement parlant. On retrouve dès l'introduction ces vagues synthétiques langoureuses, très rétro, accompagnées de sonorités GameBoy toujours, dans cet esprit de Noise pop. Les percussions sont plus sourdes, c'est percutant, agressif. Malheureusement, lady Gaga reprend sa mauvaise habitude de lisser le tout avec un refrain passe partout, qui semble d'ailleurs complètement pompé sur Poker Face. Ces mêmes vagues synthétiques qui auraient pu donner de la profondeur au titre finissent par être totalement noyées par les effets spéciaux et surtout une superposition de voix outrancière pour essayer d'étoffer un peu le morceau. C'est fade, plat, répétitif et brouillon, alors on nous en met plein les yeux avec du vent.
Speechless semble s'imposer comme le titre "à part", celui qui montre que Lady Gaga sait faire autre chose que du mainstream. C'est très Elton John, le passage style rock FM est pas mal, mais on y donne de l'attention surtout parce qu'il dénote par rapport au reste de l'album très synthpop. On a certes de vrais instruments, c'est plus organique, harmonieux, mais si on sort cette chanson du contexte et que l'on oublie qu'il s'agit de Lady Gaga, ça reste une ballade très banale. Les versions live sont nettement plus réussies.

Dance in the dark reste sans doute la meilleure de l'album. C'est beaucoup plus minimal, on ressent réellement l'ambiance rétro, les sons synthétiques n'étant pas noyés sous une horde d'effets spéciaux. Dommage que le tout soit à nouveau plombé par un refrain ultra répétitif et trop acidulé. Le gimmick post refrain est toutefois mémorable, c'est sans contexte le point fort de cette chanson. So happy I could die semble vouloir suivre la même directive, avec des percussions plus lentes, et des sonorités plus douces. C'est ambiancé, langoureux, mais assez poussif. On sent l'envie de créer quelque chose de plus incarné, mais le tout reste désespérément froid.
Téléphone est une horreur, vulgaire enchaînement de boucles électro lourdingues et sales. C'est sous produit, on ne distingue même pas les différentes sonorités, il n'y aucun effet stéréo, un gros foutoir. Mais on nous force quand même à avaler la pilule avec ce gimmick à la harpe ridiculement kitsch répété en boucle.
Teeth vient clôturé le tout et reste la meilleure intention de l'album, même si elle est aussi ratée. Le côté cabaret, très show musical, ultra chaleureux est littéralement bousillé par ces percussions écrasantes qui gâchent tout.
Après un premier album parfaitement calibré pour les radios, Lady Gaga semble vouloir prendre le large, mais en douceur. On sent une volonté d'aller dans quelque chose de plus planant, submersible, mais la sauce ne prend pas. Heureusement qu'elle a su en mettre plein les yeux avec son personnage, sa vision sinistre sur la célébrité, ses shows démentiels. Mais le problème reste le même : la musique est beaucoup trop moyenne par rapport au monstre qu'est Lady Gaga, performeuse talentueuse.
Cet album reprend grossièrement les poncifs du genre, là où The Fame avait été plus subtil. Lady Gaga s'écoute comme se regarde un film de Robert Rodriguez. C'est de mauvais goût, mais c'est soit disant assumé (même si pour moi c'est un peu facile de se cacher derrière le second degré pour sortir quelque chose d'aussi grossier).

björkophile
4
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le 18 déc. 2016

Critique lue 371 fois

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