Aujourd’hui, quand on s’intéresse au rock progressif, il est difficile d’ignorer Neal Morse: ancien de Spock’s Beard, colonne vertébrale de Transatlantic, compositeur chrétien engagé et virtuose des claviers. Avec son nouvel album, The Grand Experiment, sorti sous le nom The Neal Morse Band, il s’essaye à un exercice nouveau.


En effet, les morceaux de l’album ont été composés à l’arrache, sans préparation, et collectivement. Cela se ressent un peu, mais pas autant que l’on pourrait le penser: on aurait pu croire que, dans l’urgence, le groupe se concentre sur ses fondamentaux de rock progressif « champagne », mais ce n’est que partiellement le cas.


Alors certes, « The Call », qui démarre l’album avec pas moins dix minutes de pur prog à la Neal Morse, avec avalanche somptueuse de claviers, mais dès le suivant, le morceau-titre – qui est quasiment un manifeste de l’album– on se retrouve avec un hybride blues-rock-prog. La musique reste typée, mais bien moins que d’habitude.


Mais ce n’est rien par rapport à « Waterfall », un très beau long morceau acoustique mélancolique qui rappelle à la fois le Genesis de la fin des années septante et Supertramp, ou « Agenda », hymne yuppie pop-rock colorée au métal qui n’aurait pas dépareillé sur un album du début des années nonante, genre « Love in an Elevetor » de Aerosmith.


Finalement, on peut se dire que tout rentre dans l’ordre avec « Alive Again », qui est un retour aux fondamentaux morsiens: composition de plus de vingt-cinq minutes, néo-prog symphonique et lumineux et claviers en folie. Mais, somme toute, l’expérience montre autre chose: même dans les titres qui se démarquent le plus du style habituel, on reconnaît tout de même des touches de Neal Morse.


En ce sens, The Grand Experiment est une réussite, même si les morceaux de l’album ne sont pas tous excellents. C’est une tentative de création commune, avec tout ce que ça comporte comme risques artistiques et personnels. Je ne sais pas comment se sont réellement déroulées les séances – si ça se trouve, Neal a quand même tout décidé à la fin – mais le résultat final est plus qu’intéressant.


La version en digipack compte trois titres studios supplémentaires, qui ressemblent pas mal à du Genesis dernière époque, comme « New Jerusalem », ainsi que deux pistes enregistrées en concert et constituent un bonus qui est loin d’être anecdotique.


Que l’on aime le rock progressif ou, plus simplement, les belles mélodies, cet album est un vrai plaisir et si, en plus, on est un fan de Neal Morse, on pourra le découvrir dans un certain nombre de rôles vocaux inhabituels.

SGallay
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le 17 avr. 2015

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