J'ai découvert Chelsea Nikkel, comme tout le monde, avant sa vingtaine, avec le tube "The Cigarette Duet" et son premier album "Lil' Golden Book" en 2011. Un album de comptines aux airs enfantins, candide, joyeux et libre qui laissait déjà transparaître une certaine mélancolie. Le titre de son deuxième essai ne nous trompe pas, c'est de cette mélancolie dont il sera question sur "The Great Cybernetic Depression", tout en gardant sa belle naïveté. Nous avons ici racontés les tourments d'une âme d'enfant.


L'électro-pop joueuse d'il y a quatre ans s'étiole, glisse vers des arrangements encore plus minimalistes et atmosphériques, symbole du vide sous-jacent le monde moderne. Toujours orchestré par son camarade/producteur Jonathan Bree (qui donne de sa voix sur quelques chansons), les titres alliant beauté numérique et explosions analogiques arrivent à nous faire ressentir la solitude que nous cachons tous derrière nos écrans. Nous sommes ici bien loin du "mainstream" tape-à-l'oreille ; ça sent bon le fait-maison. Princess Chelsea nous fait une place ici dans son cocon, dans son intimité et sa folie. Depuis quand n'avons nous plus entendu dans les charts pop un tel solo surgir de nulle part comme sur "When The World Turns Grey" ou "We were meant 2 B" ?


On pourra reprocher à Princess la simplicité et la facilité de ses compositions, cela m'a parfois moi-même dérangé, mais ne nions pas que ça lui sied très bien. Cette répétition qui prolonge un peu trop les morceaux reste dans cette optique de "comptines entêtantes" dont elle a le secret et qui nous rappelle notre période d'apprentissage. C'est l'apprentissage du mauvais côté de la vie qu'elle joue ici, et en même temps, ces quelques moments de réconforts, comme lorsqu'elle enregistre son chat sur "Winston Crying on The Bathroom". Elle n'est plus la seule à pleurer, et c'est pour cela, généreuse qu'elle est, qu'elle a voulu partager tout ses sentiments avec son public.


Si les jeunettes comme Cyrus, Selena Gomez ou Ariana Grande se doivent de montrer qu'elles sont déjà "femmes" en se prostituant à moitié, Princess Chelsea, loin de tout ça, prouve qu'elle peut en raconter bien plus en gardant son âme d'enfant, allié à un talent évident et une production conséquente. Si "Lil' Golden Book" était plus efficace et ensoleillé, "The Great Cybernetic Depression" est plus réaliste, voire crépusculaire, mais pourrait bien finir par vous bercer vous aussi.


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le 3 janv. 2016

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