The Inevitable End
6.8
The Inevitable End

Album de Röyksopp (2014)

Et la voilà, l'inévitable fin ! Ici, si j'ai bien compris, il ne s'agit pas de la fin d'un groupe mais de la fin de leurs albums physiques. Mais après tout, n'est-ce pas la fin du format physique dans l'ensemble de l'industrie musicale ? Royksopp étant un groupe électro qui a souvent questionné le futur, écrit sur des thèmes de science-fiction, on peut alors en conclure que c'est loin d'être une fin mais un nouveau départ. Dans quels formats futuristes vont-ils créer, sera t-il toujours question de musique, vont-ils révolutionner l'industrie musicale ? En tout cas, ils semblent avoir des idées derrière la tête...

Mais concentrons-nous sur ce dernier disque donc. De mes émois adolescents sur « Poor Leno » à mon orgasme instrumental sur « The Alcoholic » en passant par le tube « The Girl And The Robot », j'ai toujours trouvé que la musique de Royksopp était teintée de beauté et de mystère. Il ont emprunt leurs compositions d'une certaine nostalgie et je pense que c'est un des seul groupes a avoir montrer musicalement quelles sortes d'émotions pouvaient éprouver les machines, et ce, sur l'ensemble de leur discographie. Cette « Inevitable End » ne me contredira pas, je dirais même qu'il est le plus triste de leur carrière, il faut dire qu'il aborde le thème central de la mort.

On commence sur des exercices de styles ; « Skulls » et « Monuments » nous montrent qu'ils sont encore dans la course niveau électro avec des bombes bien puissantes, mais qui n'en sont pas pour autant des tubes contrairement au « Do It Again » de Robyn sorti plus tôt cette année (et dont le « Monuments » ici n'est qu'un remix). Il faut dire que les singles de Royksopp sonnaient déjà à part sur les ondes, on ne s'attendait pas forcément à entendre ce genre de choses. « Poor Leno », bordel, mais qu'est-ce que ça foutait sur NRJ et MTV à l'époque, avec son ambiance froide et éthérée ? Et ce « Senior » qui ne contenait aucun tube... oui, ils ont définitivement arrêté de faire avec les médias mainstream, et c'est tant mieux.

« Sordid Affair » sera représentatif du reste de l'album. De l'électro rythmée et dotée d'une belle atmosphère, magique et mélancolique. On s'y plongera toujours plus de titre en titre, Jamie de « The Irrepressibles » (groupe dont je conseille fortement le premier album) possédant le timbre de voix parfait pour l'univers du duo, à la fois fragile et puissant. « You Know I Have to Go » se veut alors une longue ballade, minimaliste, plaintive et répétitive, dans une ambiance éthérée. « Here She Comes Again » est plus contemplative, comme si l'on se promenait dans un chemin teinté de souvenirs.

En compagnie du chanteur, restent « Compulsion » et « I Had This Thing » qui, même si elles sont réussies, n'atteignent pas le même sommet et d'ailleurs, n'utilisent pas sa voix si particulière dans la pleine mesure de ses capacités. Puis ces titres durent quand même entre 5 et 7 minutes, ce qui peut finir par lasser. Une autre norvégienne (encore inconnue de ma culture), Susanne Sundfor sera la voix de deux autres chansons : « Save Me » et la sublime « Running to the Sea ». Robyn, leur camarade de toujours apparaîtra encore sur « Rong », courte et minimaliste, jouant sur un auto-chorus réussi. Enfin, l'instrumental « Coup de Grace » et « Thank You », avec un retour aux Vocoders de l'intro, concluront l'album honorablement.

Avec cette « Inevitable End », Royksopp s'échappe du format physique de la plus belle des manières possibles. Aussi cohérent qu'un « Senior », aussi tubesque qu'un « The Understanding », aussi naïf qu'un « Junior », encore plus nostalgique et émotionnel que l'ensemble de leurs œuvres... nous avons ici une parfaite représentation de leur carrière, un résumé sous forme de best-of qu'avec de nouveaux morceaux. Et on espère évidemment que cette carrière n'en est qu'à ses débuts et qu'ils continueront encore à nous faire rêver, quelle que soit la façon. « Thank You » à vous aussi !
Strangeman57
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs albums de 2014 et Les meilleurs albums des années 2010

Créée

le 21 nov. 2014

Critique lue 333 fois

4 j'aime

Strangeman57

Écrit par

Critique lue 333 fois

4

D'autres avis sur The Inevitable End

The Inevitable End
Strangeman57
8

Critique de The Inevitable End par Strangeman57

Et la voilà, l'inévitable fin ! Ici, si j'ai bien compris, il ne s'agit pas de la fin d'un groupe mais de la fin de leurs albums physiques. Mais après tout, n'est-ce pas la fin du format physique...

le 21 nov. 2014

4 j'aime

The Inevitable End
Francois-Corda
8

Critique de The Inevitable End par François Corda

Avec « Monument », Royksöpp trouve là l’un des plus envoûtants singles de l’année et nous rappelle qu’en termes de dancefloor soufflant le froid et le chaud, ils n’ont pas d’équivalent. The...

le 15 sept. 2018

Du même critique

Discovery
Strangeman57
10

Critique de Discovery par Strangeman57

J'ai découvert Daft Punk à mes dix ans... Non ! J'ai découvert la musique à mes dix ans. C'était en 2001. J'étais parti en classe de neige. Souvenir assez pénible... je n'arrivais pas monter...

le 27 août 2012

44 j'aime

2

New York Melody
Strangeman57
7

Ou comment te vendre une BO...

Au milieu de tout ces block-busters de vacances est sortie ce 30 Juillet (et plutôt bien distribué) "New York Melody", un film qui transcende le genre de la comédie romantique bien plus loin que les...

le 2 août 2014

40 j'aime

3

Nous York
Strangeman57
2

Comédie française cherche humour desespérement... à New York.

Je passerais tout commentaire sur le jeu de mot qui sert de titre et sur la bande-annonce qui sont à l'image du film. Au départ, je ne comptais pas aller le voir, mais UGC illimité et matraquage...

le 8 nov. 2012

33 j'aime

4