Eternal Summer

2020 a beau être une année de merde, elle réserve aussi son lot de belles surprises. En témoigne le retour d'un des meilleurs groupe des années 2000, les Strokes. En 2001, ces cinq gars de Manhattan lançaient la mode du garage rock et du post-punk revival avec le mythique Is This It. Dix-neuf ans plus tard, ils reviennent plus inspirés que jamais avec leur sixième galette, The New Abnormal.

Un album virtuose qui sonne presque comme si que c'étaient l'album d'un jeune groupe et c'est là toute la prouesse de ce retour. Il s'en dégage une fraîcheur incroyable, grâce - entre autre - à l'apport du producteur Rick Rubin, vieux bougre ayant contribué au sommet des Run DMC et autres Red Hot. Ça sonne très eighties, très New-wave aussi et ce n'est pas pour me déplaire. La nostalgie nous prend dès la première piste, The Adults Are Talking. Tandis que Brooklyn Bridge to Chorus sonne dès les premières notes de synthés et sa bass guitar comme un classique et le refrain ultra-accrocheur ne fait que confirmer cette impression. Bad Decisions a quelque chose de très Dancing to Myself car le groupe à eu l'idée de samplé le tube de Billy Idol sur le refrain. Il faut voir aussi le clip assez loufoque. At the Door est sans doute la preuve s'il en est une que le groupe sait se renouveler, avec ce mélange planant de guitares et de synthés. Enfin, le groupe annonce l'été avant l'heure avec Eternal Summer. Titre à contre emploi, avec des paroles relativement simple et positive à première vue (« Life is such a funny journey ») mais qui sonne pourtant comme le truc le plus badasse et le plus ingénieux de l'album avec une structure complexe et une rythmique très travaillé. L'incroyable voix de Julian Casablanca y est ici tantôt saturé, tantôt perché en voix de tête. Why Are Sundays So Depressing et le mélancolique Not The Same Anymore avec ses notes de guitares saturés montrent que les Strokes s'en donne encore à cœur joie pour écrire de superbes ballades. Et même s'ils ne sont plus les même comme le chante Julian Casablanca dans cette dernière, ont prend encore notre pied à les écouter en 2020 car ils ont évolué dans la bonne direction.

Certes, certains titres sont mieux que d'autres, mais faisant encore preuve d'une certaine créativité, tout en se tournant minutieusement vers le passé, les Strokes prouvent avec The New Abnormal qu'ils en ont encore sous le coude. « It's time, and, it's do or die » comme ils le clament dans Ode to the Mets, pourrait laisser présager que c'est la dernière fois, mais qui sait, peut-être vont ils encore disparaître pour revenir à nouveau un jour.