Ah, The X Factor… l'un des albums les plus décrié de la discographie du groupe , celui de la fameuse « ère Blaze Bayley ». et pourtant, à mes oreilles, c’est une œuvre bien plus intéressante qu’on ne veut le croire.
Sorti en 1995, cet album marque le départ (temporaire) de Bruce Dickinson et l’arrivée de Blaze Bayley, et dès la pochette, on comprend que quelque chose a changé. Maiden abandonne l’héroïsme flamboyant pour quelque chose de plus sombre, introspectif, presque dépressif à l’image d’un Steve Harris alors en plein tumulte personnel touché par son divorce et la mort de son père.
L’ouverture, “Sign of the Cross”, annonce la couleur : onze minutes monumentales, entre tension mystique et envolées épiques. Ce morceau à lui seul résume tout l’album : ambitieux, audacieux, et chargé d’émotion.. On enchaîne avec “Lord of the Flies”, d’une mélancolie entêtante, et “Man on the Edge”, pur shoot d’adrénaline qui rappelle que Maiden n’a rien perdu de son mordant et que nous sommes en terrain connu. Ce trio d’ouverture est un sans faute !
Le cœur de l’album, lui, s’enfonce dans des zones plus troubles. “Fortunes of War”, “Look for the Truth” ou “The Aftermath” mêlent intros lentes, atmosphères pesantes et montées de tension typiques du groupe. On sent Harris livrer un disque viscéral, presque cathartique. Bayley, souvent critiqué, apporte ici une sincérité, une émotion et une fragilité que Dickinson n’aurait peut-être pas pu incarner de la même façon à ce moment précis.
La dernière partie du voyage garde ce ton crépusculaire : “Judgement of Heaven” et “The Edge of Darkness” réaffirment la force de composition du groupe, tandis que “2 A.M.” et “The Unbeliever” concluent l’album dans une veine plus intimiste, presque contemplative.
Alors oui, The X Factor est différent. Oui, Blaze Bayley n’est pas Bruce Dickinson. Mais c’est justement ce qui fait toute la force de ce disque : il ose la vulnérabilité, la gravité, là où Maiden avait jusque-là cultivé la démesure et le triomphe. Un album imparfait, mais profondément humain et à redécouvrir sans préjugés, surtout un soir d’hiver, les phares dans la nuit ou à côté du feu qui crépite. Osez me dire ensuite qu’il ne vous file pas quelques frissons.
7,8 /10
Hao