To Pimp A Butterfly : l'album révolutionnaire de Kendrick Lamar

To Pimp A Butterfly est l'album qui définit l'artiste, Kendrick Lamar. Le 15 mars 2015, Kendrick Lamar nous dévoile l'album To Pimp A Butterfly qui est, selon moi, l’album qui représente l’artiste.

Originaire de Compton, Kendrick Lamar grandit dans un environnement marqué par le rap, suivant les traces de légendes comme 2Pac. Dès la sortie de Section.80, il commence à se faire un nom dans l’industrie, attirant rapidement l'attention de Dr. Dre, qui le prend sous son aile et le fait signer sur son label.Entre temps, il enchaîne les collaborations, dans lesquelles il vole parfois la vedette de ses hôtes avec son flow précis, sa voix changeante et ses lyrics incroyables. Juste avant ce projet, il dévoile "Good Kid, M.A.A.D City", un véritable bijou – mais ce n’est pas le sujet de cette critique.

Maintenant qu’on a résumé la petite histoire de Kendrick, on peut se pencher sur l’album. L’album est juste woah! Déjà, son projet est un dialogue qui parle de sujets importants qui touchent une communauté précise, la communauté noire-américaine. L'album explore une variété de thèmes politiques et personnels liés à la race, à la culture et à la discrimination. Parlons premièrement de l’intro “Wesley’s Theory”, qui nous fait déjà entrer dans un univers assez touchée par la communauté noire américaine (every n**** is a star).

Wesley's Theory illustre la manière dont les Etats Unis (représentée par l'Oncle Sam) exploite les rappeurs financièrement analphabètes qui connaissent un nouveau succès (comme Kendrick) en les incitant à acheter de nombreux articles coûteux sans réaliser qu'ils doivent payer des impôts pour ces articles. Dans le premier couplet, Kendrick veut acheter des objets qui ne servent à rien ou qui causent du tort à sa communauté (take a few M16s to the hood, pass em all out to the block) - il abuse littéralement de son influence. Dans le deuxième couplet, Kendrick rappe comme l'oncle Sam qui veut exploiter Kendrick en l'incitant à acheter des objets de plus en plus chers jusqu'à ce qu'il doive payer des impôts pour tous ces objets (What you want you? A house or a car? Forty acres and a mule, a piano, a guitar? Anything', see, my name is Uncle Sam, I'm your dog). Cela nous montre l’importance de Kendrick Lamar par rapport à la communauté noire américaine qui se fait rejeter ou même discriminer par les institutions américaines tel que La Maison Blanche (le gouvernement).

Selon moi, le titre le plus impactant de l’album est "Alright". La chanson "Alright" de Kendrick Lamar est l'un des titres les plus puissants et les plus marquants de l'histoire de la musique hip-hop. Depuis ses premières lignes mémorables (Do you hear me, do you feel me ? We gon' be alright), et son refrain électrisant, la chanson est une puissante expression d'espoir, de résilience et de persévérance face à l'adversité.

Les paroles de la chanson abordent les thèmes de la lutte, de l'oppression et de l'injustice, et Lamar s'inspire de sa propre expérience à Compton, en Californie, et de la communauté afro-américaine au sens large. Il montre les difficultés auxquelles les Noirs sont confrontés aux US, qu'il s'agisse de la pauvreté, des brutalités policières, du racisme systémique ou de l'inégalité. Malgré tous ces défis, Lamar insiste sur le fait qu'ils surmonteront et réussiront, qu'ils « s'en sortiront ».

Alright de Lamar est devenue un cri de ralliement pour le mouvement Black Lives Matter[]. Avec des paroles comme « and we hate po-po / Wanna kill us dead in the street fo sho », il indique clairement qu'il soutient le mouvement et les familles d'hommes et de femmes noirs qui ont été victimes de brutalités policières aux États-Unis.Comme je l’ai dit, selon moi, cette musique est la plus marquante de l’histoire de la musique hip-hop et de la représentation noire américaine.

Finalement, parlons de “i”. En ce qui concerne la version single, il s'agit de la motivation pure. Pour ce qui est de la version de l'album, c'est Kendrick qui s'épanouit pleinement en tant que « papillon », qui n'est plus institutionnalisé par l'industrie, passant d’une chenille bloqué dans son cocon, qui n’arrive pas à s’épanouir, à un papillon qui prend ses ailes pour s’épanouir enfin, sans cette couche qui le bloque de toute liberté. Dans une interview accordée à Hot 97, Kendrick a déclaré que « i » était la meilleure chanson qu'il ait jamais écrite, car il n'aurait jamais pensé être dans l'état d'esprit de faire une chanson positive après avoir grandi dans un environnement si négatif à Compton.

Le morceau plonge une fois de plus dans la perspective personnelle de Kendrick sur le monde. Kendrick a expliqué que la chanson traite de l'expression personnelle, inspirée par le manque d'amour de soi dans les rues de Compton. Bien que To Pimp a Butterfly tourne autour des troubles spirituels, du doute de soi et des tentations négatives, cette chanson offre la rédemption.

"To Pimp a Butterfly" de Kendrick Lamar est bien plus qu’un simple album de rap : c’est une œuvre engagée et introspective qui transcende les genres musicaux pour offrir un regard profond sur l’identité, la lutte raciale et le poids de la célébrité. Véritable chef-d’œuvre, To Pimp a Butterfly ne se contente pas d’être un classique du hip-hop ; il s’impose comme l’album de la culture contemporaine et un témoignage intemporel des luttes pour la justice et l’émancipation.